Aménagement du territoire

Les vidéos et textes de nos interventions dans le domaine de l’ Aménagement du territoire en 2019.

SESSION DECEMBRE 2019

Intervention de Mona Braz sur la contribution de la Région Bretagne à l’ élaboration du troisième programme pluriannuel d’ intervention de l’ Etablissement Public Foncier de Bretagne – 2021-2025.

Texte:

En 2009, après moultes péripéties, le Conseil régional voyait enfin naître  l’Etablissement public foncier de Bretagne. Qu’il nous soit permis ici de rendre hommage à celles et ceux qui surent garder intacte leur volonté de mettre en place cet outil destiné à aider toutes les collectivités dans le portage de politiques foncières de plus en plus complexes.

Aujourd’hui cet outil opérationnel n’est plus contesté, ses opposants d’hier lui reconnaissent les vertus qu’ils ne voyaient pas ou ne voulaient pas voir. Des métropoles aux plus petites communes, en passant par le maillage des villes moyennes, il n’y a pas un projet qui ai été refusé dès lors qu’il entrait dans une stratégie foncière de la collectivité, peu importe sa taille ; et que cette dernière s’assurait de pouvoir racheter le bien à l’EPFB après la période de portage.

Loin de ce principe d’ universalité des services de l’ EPFB, certains ici imaginent laisser au marché les projets lucratifs sur des territoires en tension, et de l’ autre côté les moyens humains et financiers de l’ EPFB se concentreraient sur les territoires et collectivités qui sont de véritables déserts, où le marché qui ne veut pas l’ investir.

Ce serait un changement de paradigme. Pourquoi ? L’ EPFB est financée par la TSE, taxe spécifique d’ équipement, versée par toutes les collectivités et notre territoire est presque entièrement couvert par les conventions avec l’ EPFR. Par pitié, ne cassons pas ce qui marche si bien de Rennes à Pon-Croix, de Lorient à Lampaul-Guimiliau…

Nous avions participé à l’élaboration du programme pluriannuel d’interventions 2016-2020, et aujourd’hui nous renouvelons cet exercice en lien avec les objectifs prioritaires de la Breizh Cop et du Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) en identifiant des enjeux fonciers à l’échelle régionale.

Aujourd’hui pour ce nouveau PPI, nous proposons à l’ EPFB de s’ engager sur ces chantiers principaux :

  • Le renouvellement urbain et la densification
  • La production de logements abordables et durables
  • Le développement et le renouvellement des centralités
  • La requalification des friches industrielles et agricoles
  • La reconquête des milieux naturels et la renaturation
  • La construction d’ un dispositif régional de soutien foncier aux territoires

L’objectif affiché à l’horizon 2040 est clair : zéro consommation nette de terres agricoles et naturelles. Nous passons d’un modèle d’étalement urbain sur le mode de l’ « open bar » à un modèle frugal, économe du foncier. L’objectif en lui-même et l’horizon 2040 ont été l’objet d’âpres discussions.

Consciente de ses erreurs passées et des enjeux des ressources épuisables que sont les sols fertiles et l’eau, à l’aulne du changement climatique, la Bretagne fidèle à sa méthode qui consiste à se réunir, à penser et à décider ensemble; s’est  donnée des objectifs ambitieux et partagés de développement différent tout en économisant un foncier dont la vocation première est agricole donc nourricière,  et naturelle donc protectrice.

A ce moment de mon propos, je m’ appuie sur le dernier cahier « Panorama de la Bretagne ». Le chapitre logement est titré « Il y aura bientôt trop de maisons en Bretagne. ». Les questions soulevées sont des questions de fond : le constat du nombre de logements qui augmentent deux fois plus vite que la population, des logements vacants en augmentation (de 7 à 30 % selon les zones), de plus en plus de résidences secondaires (+ 2600 par an depuis 2010) avec un stock de 245.000 logements concentrés sur le littoral, et enfin, le phénomène Airbnb qu’ on ne peut plus ignorer dans les stratégies foncières, immobilières, fiscales.

Une difficulté majeure que nous nous devons d’anticiper, est  l’accueil des: 400 à 500.000 nouveaux habitants que prévoient toutes les projections d’ici 2050. Cette bascule démographique nous oblige à repenser les implantations de populations, d’activités productives et de services, ainsi que les flux. Et cette réflexion doit se mener sur les  5 départements pour ne pas perdre en cohérence et en efficience.

Se posent dès lors des questions en cascade :

Allons-nous laisser faire une concentration prévisible sur les côtes, avec les problèmes environnementaux, d’ accès à l’eau et de traitements des eaux usées afférents, et les problèmes de logement pour les travailleurs modestes ?

Quelles politiques pour éviter la ségrégation et gentrification des centres villes, sous la pression démographique, mais contraires à la mixité sociale ?

Comment préserver ce qui est l’une des valeurs de la Bretagne,? L’ esprit d’entraide et de mutualisme, autant entre les personnes qu’entre les territoires ?.

Comment préserver notre singularité, pour ne pas dire notre identité bretonne, et notre spécificité culturelle alliée à l’esprit d’ouverture et de tolérance ?

Comment conjuguer augmentation conséquente de la population, préservation du foncier et accès à l’eau, autre ressource indispensable aux activités humaines et économiques ?

Jusqu’à aujourd’hui développement rimait avec étalement, à partir d’aujourd’hui, développement rimera avec renouvellement.

Renouvellement de la ville ou du bourg sur lui-même. Or aujourd’hui on ne peut penser développer de nouvelles propositions d’habitats dans les centralités sans y offrir en même temps les offres commerciales et de services qui évitent que les villes ne soient que des villes dortoirs.

Renouvellement de la zone commerciale, industrielle ou artisanale sur elle-même. Les professionnels des chambres de commerces et d’industries eux-mêmes dénoncent les aberrations de zones d’activités économiques, situés en périphérie des villes et des bourgs: absence de besoin avéré pour les entreprises, positionnement géographique incohérent, manque de voies de communication, étendue sans lien avec les attentes des entreprises, déstructuration du tissu commercial. Ils affirment clairement leur choix pour des zones d’activité denses, correspondant aux besoins et attentes des entreprises notamment dans leur localisation, et requalifiables lorsque leur attractivité change.

Notre majorité votera pour cette contribution au troisième

programme pluriannuel d’intervention de l’Etablissement Public Foncier de Bretagne 2021-2025.