Budget de la Région

Les vidéos et textes de nos interventions sur le budget de la Région en 2017.

 

Session de décembre 2017

Orientations budgétaires pour 2018

Intervention de Paul Molac

 

 

Texte:

Monsieur le président, chers collègues
J’ai déjà indiqué dans ma première intervention tout à l’heure que je partage l’analyse du contexte global des ressources régionales telle que présenté dans le rapport du rapporteur général du budget.
Vous le savez, je suis attaché à l’autonomie des acteurs sociaux. C’est d’ailleurs le pari de l’autonomie des acteurs sociaux dans l’entreprise qui marque les lois sur le dialogue social de ce gouvernement comme du précédent. On ne peut donc que regretter que les même gouvernements ne fassent pas dans le même temps le pari de l’autonomie des acteurs territoriaux. Il y a là une forme de contradiction. Je pense d’ailleurs qu’avec les ressources humaines qu’il leur reste, les préfets auraient mieux à faire que de passer un temps excessif à contrôler nos budgets.
Mais le travail parlementaire n’est pas fini, nos réseaux d’élus sont mobilisés, restons optimistes, le sens des réalités amènera sûrement l’Etat à regarder les régions comme des partenaires plutôt que comme des écoliers dont il faudrait corriger les copies.

Pour ce qui est des propositions de l’exécutif régional, je voudrais en souligner 3 qualités.
La première qualité de ce rapport, c’est de démontrer notre volonté de conserver la cohérence, la transversalité et l’ambition de nos programme d’actions, malgré un contexte incertain.
C’est important pour les acteurs économiques, qui ont besoin d’action publique forte et ancrée dans le territoire en matière de formation. C’est important pour les citoyens, qui ont besoin d’une action publique forte qui renforce d’un même mouvement attractivité et solidarité.

La deuxième qualité de ce rapport, c’est de montrer notre volonté de travailler à toutes les échelles du développement économique. Comme nous savons que la Bretagne a à la fois besoin de métropoles locomotives et besoin de préserver son réseau petites et moyennes ville, dans la même logique, nous montrons ici que nous adaptons nos actions économiques pour accompagner aussi bien les grands moteurs de notre économie que les les plus petites TPE. La commission permanente du 4 décembre l’a encore démontré, avec la participation a un outil astucieux et innovant au service des entreprises de la pêche. Et nous le montrons aussi aujourd’hui avec la perspective d’un travail de fonds sur les enjeux de la transmission d’entreprise. Il est d’ailleurs à noter que la Bretagne va mieux, il faut le dire. Les efforts conjugués des collectivités locales, de la Région Bretagne et des gouvernements y sont pour quelque chose. Pour ne parler que du territoire que je connais le mieux, le bassin d’emploi de Ploërmel, de septembre 2016 à septembre 2017, le nombre de chômeur sans aucune heure d’activité baisse de 3%, le nombre d’offre d’emplois augmente de 2%. La reprise commence à se voir, et l’action publique n’y est pas étrangère.

La troisième qualité de ce rapport, c’est mettre au centre des enjeux le premier capital de la Bretagne, les bretons eux même. On le voit avec l’attention portée à la jeunesse, attention dont l’aspect le plus visible est la perspective de la construction de 4 lycées, à Liffré, à Ploermël, au sud de Rennes, et 4 donc si on a bien à l’esprit l’accompagnement du deuxième lycée Diwan.
L’attention portée au capital humain de la Bretagne se voit aussi au travers de l’engagement écrit de se saisir très vite de l’étude du Ceser sur la vitalité associative bretonne. Enfin, l’humain au cœur de notre budget, on le voit aussi au travers d’un renforcement de nos actions autour des TMS, troubles musculo-squelletiques. Sur ce point, je serais impliqué, avec mes collègues Georgette Bréard et Raymond le Brazidec notamment, dans une expérimentation sur les bassins d’emplois de Loudéac, Pontivy et Ploermel. Une action qui liera Emploi et Formation, Agro et TMS, avec l’idée que sur les TMS, agir ce n’est pas de discourir dans l’hémicycle, mais d’aller dans l’entreprise, travailler avec l’entreprise. C’est là juste un focus, pour dire que le débat d’orientation budgétaire, ce n’est pas que des grandes phrases, c’est la mise en musique du concret sur le terrain.

Malgré les incertitudes, nous gardons donc le cap de la cohérence, de l’innovation et du pragmatisme. Je voudrais terminer mon propos en évoquant ici deux sujets sur lesquels il nous faudra être vigilent, même si tout ne dépend pas de nous loin de là.
Le premier concerne la nouvelle stratégie d’alliances dans le monde universitaire. Nous assistons à un double mouvement de rapprochement des entités rennaises d’un côté, finisteriennes et morbihannaises de l’autre. Si le réseau de Brest à Angers étaient trop vastes pour fonctionner, nous espérons que le processus en cours n’est qu’une étape, sans quoi il faudra craindre un décrochement de pratiques et de moyens entre Rennes et les autres villes bretonnes.
Mon deuxième sujet de préoccupation concerne le fait que le premier port de commerce breton, celui de Nantes-Saint-Nazaire, va probablement devenir un outil régional en pays-de la loire.
Au vu du poids, y compris au sein de la Région Bretagne actuelle, de ce port nous avons probablement là un sujet de réflexion quant aux coopérations nécessaires pour la cohésion de la Bretagne.

 

 

 

Session du 13 octobre 2017

Projet de décision modificative n°2 au budget de l’ exercice 2017

 

Texte:

Monsieur le Président, chers collègues,

Je soulignais hier que cette DM, par son faible volume, démontre la qualité de la préparation budgétaire régionale dans un contexte complexe. Au-delà des lignes de forces politiques sur l’ emploi, la formation et l’ innovation économique déjà évoquées, je veux souligner que cette DM illustre aussi la qualité du dialogue entre la Région et ses partenaires.

On le voit avec l’ augmentation de la ligne consacrée au Pass ressources pédagogie, qui témoigne d’ une meilleure appropriation par les lycées de nos nouveaux dispositifs autour des manuels scolaires. D’ ailleurs, face aux innovations qu’ a amené le dialogue région-lycée cette année, on peut s’ interroger quant aux réelles motivations qui animent les derniers chefs d’ établissement qui regardent passer les trains.

On le voit aussi avec la montée en puissance des dossiers sur la ligne contrats de pays. Le dialogue et la co-construction entre la région et les pays ou intercommunalités fonctionne, je l’ observe moi-même sur mon territoire.

Ce sont là deux exemples d’ une société bretonne organisée, en mouvement, qui avance groupé au service des citoyens.

Quel contraste entre la capacité de mise en réseau régional, et les bugs incessants des systèmes centralisés tels les logiciels Isis et Osiris dont il est aussi question dans ce rapport.

Session du 23 juin 2017

Rapport financier 2016

Intervention de Mona Bras

Texte:

Monsieur le Président, monsieur le Rapporteur général du budget, chers collègues,

Cet exercice en cinq parties dont l’évolution de la situation financière du Conseil régional entre 2011 et 2016 donne à voir les tendances et résultats issus des politiques de stratégies financières à la fois prudentes et ambitieuses menées lors des mandats précédents, de 2004 à 2010 et de 2010 à 2015 et auxquelles nous devons  cette solidité de la structure financière de la Région Bretagne, solidité qui se confirme cette année encore par une gestion qualitative de la dette au service du développement et du développement humain de la Bretagne.

L’occasion ici pour les Régionalistes de souligner une fois de plus l’importance des hommes et des femmes du service Finances de la Région, sans les compétences desquels et l’investissement professionnel et personnel au service de l’action publique, nous n’atteindrions pas ces résultats.

Les Régionalistes retiennent quelques éléments  de cet exercice.
Le premier point c’est qu’il donne à voir l’agilité avec laquelle notre collectivité continue à absorber les effets financiers de la Loi dite MAPTAM, en français usuel : Loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles. A ce sujet, l’avis du CESER pointe ce qu’il nomme  « les effets d’une décentralisation   imparfaite,   quand par exemple   la   Région   devient   autorité   de   gestion   des   fonds   européens   sans disposer de l’autorité de paiement »  qui reste sous la tutelle de l’Etat et qui génère des retards de paiement inadmissibles car plombant dramatiquement les finances de nombreux agriculteurs et de nombreuses collectivités ou associations. Ceci démontre une fois de plus que la modernité affichée n’est pas synonyme de progrès et souligne le large delta qui existe entre cette décentralisation imparfaite donc perfectible et ce que Jean-Yves Le Drian, président de Région affirmait au colloque anniversaire des 30 ans des Régions de France à Rennes en octobre 2016  : « cette décentralisation encore inachevée alimente le sentiment d’impuissance chez nos concitoyens. Il faut la poursuivre car aujourd’hui décentraliser c’est régionaliser ! ». Cette décentralisation imparfaite va trouver à se parfaire davantage avec le transfert des  compétences   transports scolaires  et interurbains, objets  d’attentes sociales  très  fortes  et  objets d’une très grande complexité au vu du nombre d’opérateurs. De ce fait, la dépense pourrait devenir moins prévisible que les investissements fortement maîtrisés sur BGV et l’offre ferroviaire bretonne globale. Gageons que là aussi la Région démontrera, comme elle l’a fait à chaque transfert de compétence, qu’elle est le niveau qui améliore nettement  le service public rendu à la Bretagne et à ses habitants, la Région qui simplifie tout en améliorant.

Le deuxième point qu’il nous a semblé important de retenir est celui de la capacité de désendettement de la Région aujourd’hui évaluée à 3,2 années donc très loin des 10 années qui marque le seuil des difficultés financières.  Loin d’être dans le rouge, notre Région évolue dans ce que nous appellerions la «Glaz finance» ou un certain modèle d’intelligence financière à la bretonne.  Beaucoup nous envient cette capacité de désendettement car, les investissements vont et continuent bon train depuis des années.  En effet, les indicateurs de solvabilité de la Région se maintiennent  à un niveau toujours satisfaisant malgré le poids des investissements en cours pour BGV, Bretagne à grande Vitesse, BTHD Bretagne très haut débit, construction et modernisation durable de nos lycées, etc…

Le troisième point est la dynamique de la CVAE –  cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, en hausse de 2,3 % sur l’année précédente et de 2,7% en moyenne par an sur la période 2011 – 2016. La CVAE est une  ressource dynamique révélatrice de la vitalité de l’économie dont chacun perçoit l’intérêt qu’elle soit en bonne santé autant pour la création de valeur ajoutée que pour la création d’emplois et de richesses sur nos territoires.

Le dernier point enfin sera le point de vue des Régionalistes sur la participation des collectivité, dont la notre, à la réduction de la dette de l’État. En effet, cette année  2017  se singularise pour l’État par la nécessité de devoir emprunter 185 milliards d’euros sur les marchés financiers, dont l’essentiel, 115 milliards d’euros soit 62% de l’emprunt selon les chiffres de l’Agence France Trésor, vont servir à faire « rouler » la dette, c’est à dire emprunter pour rembourser les précédents emprunts de la France tout en enrichissant les banques qui spéculent sur les dettes des États !  Emprunter pour rembourser les anciens emprunts qui arrivent à échéance, cela produit aussi des intérêts dont alourdi d’autant la dette de départ, les Grecs en savent quelque chose.

Aussi, les Régionalistes s’inquiètent car, en dépit des efforts d’austérité imposés à tous, la dette française continue de grimper. Celle-ci était de 1000 milliards d’euros en 2002, et elle taquine aujourd’hui les 2000 milliards. Le seuil fatidique des 100% du PIB sera bientôt atteint, soit bien au-delà des 60% fixé par les contraintes européennes.
C’est un problème politique et en même temps financier parce que la charge de la dette représente aujourd’hui  le deuxième poste budgétaire de la France, soit 42 milliards d’euros qui sont prévus en 2017,  à comparer aux 31 milliards d’euros de la totalité des budgets de toutes les Régions de France, Outre-Mer comprise…

Alors que le Rapport d’Activité 2016 débattu tout à l’heure est un des nombreux exemple de l’efficience des collectivités locales et régionales, il est temps de que l’Etat se concentre sur ses propres difficultés et cesse de les reporter sur les autres.

 

Rapport d’ activité et de développement durable

Intervention de Mona Bras

Texte:

Monsieur le Président, Mesdames Messieurs, chers collègues,

Comme chaque année depuis 10 ans maintenant, nous soulignons régulièrement, et cette année plus particulièrement,  la grande qualité du document qui nous est proposé. Ce Rapport d’activité et de développement durable qui ne cesse d’évoluer d’année en année, permet une meilleure lisibilité de l’action du Conseil régional et permet d’en apprécier sa cohérence et ses aspects qualitatifs.

Face à la remise en cause régulière  du fonctionnement actuel de notre  démocratie, avec le désamour vis-à-vis  des forces politiques traditionnelles exprimé dans les urnes ; face aux multiples inquiétudes légitimes de très nombreuses personnes vis-à-vis de leur avenir et de celui de leurs enfants ; ce Rapport est aussi un outil qui permet aux citoyens de contrôler l’action publique des élus que nous sommes, contrôle qui est une composante essentielle de la vie démocratique. Ce pouvoir de contrôle découle directement de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui édicte, dans ses articles 14 et 15, le droit pour tous les citoyens :  » de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique et d’en suivre l’emploi  » ainsi que le droit pour  » la société de demander compte à tout agent public de son administration.  » Avec ce Rapport, nous nous plions en toute transparence à l’exercice volontariste de l’évaluation publique de nos politiques,  et nous donnons tout son sens à la culture de l’évaluation. De surcroit nous y montrons notre volonté d’inscrire nos politiques dans le mouvement en cours des transitions climatiques, écologiques, énergétiques, numériques, sociales, culturelles,  démocratiques,…

Je me permettrai un seul focus, sur le programme 102 en particulier le projet d’«Observatoire des territoires » dont le Président de Région m’a confié la responsabilité. Ce projet avance lentement certes, mais il avance. Son périmètre actuel n’est pas figé. Et, s’il est aujourd’hui porté par notre collectivité et aussi par l’État, les Départements, les Métropoles, les Agences d’urbanismes, et autres acteurs incontournables de l’observation de la Bretagne, il peut s’élargir aux représentants d’une future fédération des EPCIs bretons, et autres membres de la société civile représentée comme le CESER par exemple, à l’image de Géo-Bretagne. La vocation de cet « Observatoire des territoires » est bien d’être un outil partagé, simple et efficace de diagnostics, de partage d’information et d’aide à la décision, au service du développement équilibré et soutenable de la Bretagne et de ses territoires dans une période de mutations nombreuses et complexes dans tous les secteurs.


Pour en faciliter la lecture et l’appropriation sur nos territoires, au-delà des diagnostics territorialisés au niveau des Pays Voynet, une grille de lecture  adaptée et articulée aux nouveaux EPCIs serait nécessaire pour apprécier l’efficacité et l’efficience de nos politiques régionales au sein de ces territoires qui sont autant des bassins de vie que des bassins d’action publique, à l’interface entre le local et le régional. 

Aussi, ce Rapport n’a pas vocation à être rangé sur la dernière étagère de la bibliothèque, celle qui ne sert jamais, mais au contraire à être vulgarisé,  diffusé, partagé avec le plus grand nombre afin de faire respirer une démocratie que d’aucun dise malade.

Ainsi, ce Rapport devrait permettre de nourrir la démocratie locale par le partage d’informations transparentes sur l’action publique de notre collectivité, tout en donnant à voir les enjeux du développement durable et du développement humain ;  tout en  favorisant  l’appropriation, par ses habitants, des enjeux de la Bretagne et de ses territoires et des manières réalistes, ambitieuses et soutenables d’y répondre dans la mise en œuvre des six ambitions pour la Bretagne pour lesquelles les bretonnes et les Bretons nous ont élus en 2015.

La question que nous posons est celle de comment faire savoir, dans la plus grande proximité et avec le maximum de simplicité et de pédagogie ; comment faire savoir ce que nous faisons pour l’intérêt général, pour l’amélioration de la qualité de vie et du cadre de vie,  et pour la justice territoriale en Bretagne  ?

Chaque élu régional, j’entends de la majorité mais pourquoi pas des élus régionaux d’autres bancs ?, doit être l’ambassadeur de la Région Bretagne et de son action publique au service de tous et de tous les territoires. Et pour faciliter ce travail d’ambassadrices et d’ambassadeurs sur le terrain, il apparait nécessaire d’élaborer des outils grand public pour partager et diffuser largement  les informations contenues dans ce Rapport ; informations sur les actions du Conseil régional dans ses compétences, actions dont nous pouvons porter collectivement la fierté.

Je vous remercie de votre attention.

 

 

Session du 9 février 2017

Introduction au budget

Intervention de Mona Bras

Texte:

Texte:

Monsieur le Président, Monsieur le rapporteur, chers collègues,

Le budget 2017 que nous voterons durant cette session est un budget volontariste, ambitieux et soucieux tant de l’équilibre entre nos territoires que de la justice sociale, que du développement équilibré de toute la Bretagne.

Avec ce budget, nous poursuivons et amplifions les efforts en matière de formation des jeunes et des demandeurs d’emplois. Les premiers résultats arrivent, et les premières évaluations montrent que le taux de retour à l’emploi après les formations du « Plan 500.000 » sont très encourageants.

Ce budget est dans le droit fil de ce qui était annoncé lors du débat d’orientations budgétaires de décembre 2016, ainsi que dans les engagements pris auprès des Bretons et des Bretonnes en début de ce mandat. C’est bien l’outil budgétaire d’une stratégie claire, transparente et au service de l’emploi, des entreprises, de l’innovation, de la formation, des territoires, des solidarités, de la culture et de l’identité de la Bretagne.

Je voudrais m’arrêter sur un fait : une de nos deux oppositions régionales propose ce qu’elle appelle un contre-budget. Ah ! Voilà une bonne nouvelle ! A coté d’une opposition qui pérore, nous avons une opposition qui travaille. C’est bien, cela permet l’échange et le débat. Le motcontre-budget est probablement un peut fort car, vous proposez de ne bouger que 2% des lignes de notre budget, 1,8% pour être exact. Nous sommes là dans l’homéopathie qui il est vrai fait souvent des miracles pour la santé. Est-ce à dire que vous voterez 98% de notre budget ?
J’aborde ce point car, au travers de votre document, on voit encore plus clairement les valeurs de la majorité régionale. Par exemple : notre souci de la concertation et de la co-construction avec la société bretonne. Ainsi, vous proposez entre autre, pour économiser ces 1,8% du budget, de supprimer les financements accordés aux Conseils de Développement pour leur fonctionnement. Est-ce à dire que la concertation avec les associations syndicales ou patronales, avec les associations, n’est pas utile ? Il me semble pourtant que la cohésion de la société bretonne doit beaucoup à cette pratique constante de la concertation, du local au régional. Je crois même savoir que le Conseil de développement a quelque utilité dans le Pays du Centre Bretagne, du côté du Mené. N’est-ce-pas cher Marc Le Fur ?

Autre point important à ce moment de mon propos : ce budget primitif 2017 inscrit désormais le Conseil régional de Bretagne comme le PREMIER INVESTISSEUR PUBLIC sur son territoire et en fait un acteur essentiel dans le soutien au développement, à l’emploi et à la justice territoriale en Bretagne.

Au départ je ne devais pas aborder ce point dans mon intervention mais l’actualité autour du Rapport annuel de la Cour des Comptes m’invite à donner l’analyse des Régionalistes sur l’abandon de l’écotaxe, tout le monde n’ayant pas la même lecture des faits. Cette écotaxe, une idée de Sarkozy, est présentée comme l’exemple même du fiasco politique et environnemental et du gâchis économique. Que ne lit-on pas sur le sujet ! : « un gâchis patrimonial, économique, financier, industriel et social » par ici, et par là : « mal conçu, le projet d’écotaxe a été abandonné sous la pression des Bonnets Rouges, ce qui a couté cher aux contribuables. » 100 milliards d’euros, c’est la somme estimée des pertes de recettes pour l’État et les autres collectivités en raison de l’abandon de l’écotaxe, selon la Cour des comptes.
Les Régionalistes que nous sommes, et d’autres dans cet hémicycle, n’est-ce pas cher Olivier Le Bras ?, ont participé aux manifestations des Bonnets Rouges pour soutenir les milliers de salariés, les centaines d’artisans et de commerçants, et les centaines de maires de communes rurales, victimes collectives de la crise et du séisme économique et social dont nous peinons à nous remettre.

Les Régionalistes dénoncent ce raccourci abusif qui fait peser sur les Bretons la responsabilité d’une fiscalité mal pensée et mal ficelée qui est devenue de fait une malédiction fiscale. Une remise à plat fiscale pour plus de justice fiscale est toujours d’actualité. L’écotaxe ne répondait pas à cette exigence ni aux principes d’une fiscalité écologique, progressive, juste, différenciée et redistributive.

les députés Bretons avaient obtenu un abattement de 50% sur l’écotaxe appliquée à la Bretagne en raison de sa péninsularité -la distance entre Audierne et Vitré correspond à celle entre Vitré et Paris- mais ce n’était pas encore suffisant en réponse aux difficultés structurelles de la Bretagne que sa situation géographique tient éloignée des grands axes de transports terrestres en Europe, dont les couloirs rhodaniens vers l’Italie et aquitain vers l’Espagne qui empruntent tous les deux le Bassin parisien.

C’était une fiscalité mal pensée, car, si je reprends Mona Ozouf dans son Dictionnaire critique de la révolution française, elle conclut l’article consacré à l’Égalité, grand principe de la triade républicaine, en affirmant, je la cite : « L’égalité formelle camoufle sans doute les inégalités réelles, mais elle ne les protège pas longtemps. Elle met au contraire en évidence l’immense mensonge de la société par rapport au principe sur lequel elle s’appuie. Elle introduit dans la vie sociale un germe de bouleversement infini. »

Nous y sommes : à vouloir appliquer partout et à tous les mêmes règles sans discriminations, on aboutit à des effets pervers ou opposés aux objectifs affichés. Comme si l’égalité c’était de proposer une pointure unique de chaussures pour tous les pieds. Vous imaginez ?!

Toutes familles politiques confondues, l’Association des maires de France dénonce depuis 2005 la baisse brutale des dotations d’État soit 28 milliards d’euros cumulés entre 2014 et 2017, donc 28 milliards d’euros qui ne sont plus injectés dans les économies locales et régionales, au service de l’emploi local et régional. Entre contribution à la réduction des dépenses publiques et cure d’austérité imposée, « la saigné, la saignée, la saignée » du docteur Diafoirus, se pose la question des conséquences désastreuses de ces baisses imposées pour les services publics locaux et pour l’investissement local.

Tout se passe comme si la réduction du déficit était le seul objectif de la politique menée par la France, comme dans la plupart des pays européens. ne s’agit-il pas de prendre prétexte de la crise des dettes pour réduire l’État social autant que possible ? Cette politique semble absurde puisqu’elle inflige à l’Europe une récession chronique sans même atteindre l’objectif annoncé qui était la réduction de la dette publique. Son véritable sens ne peut être compris qu’en fonction d’un objectif : faire passer en force des « réformes structurelles » destinées à réduire drastiquement les dépenses publiques et le coût du travail pour relancer, peut-être… Plus tard… La compétitivité européenne dans la mondialisation.

Après cette re-contextualisation partielle mais nécessaire, pour en revenir à notre budget, j’en retiendrai deux éléments majeurs :

– en dépenses, et donc en actions concrètes, nous avons ici les orientations nécessaires pour que la région Bretagne prenne en charge ses nouvelles compétences et ses nouvelles ambitions en matière de culture, d’emploi, de transports, et d’eau par exemple.

– en recettes, ce ne sont que 9% qui dépendent réellement de nos décision. Il y a là une fragilité évidente, qui montre par les faits le besoin de plus grande autonomie régionale au services des Bretons et des Bretonnes.

Pour conclure, enfin, je retiendrai un dernier élément plus que majeur de notre budget : le Conseil régional de Bretagne devient en 2017 le PREMIER INVESTISSEUR PUBLIC sur son territoire et devient un acteur essentiel dans le soutien au développement, à l’emploi et à la justice territoriale en Bretagne.

C’est à la fois une grande responsabilité et un motif de grande satisfaction.

je vous remercie de votre attention.

 

Discours de politique générale

Intervention de Mona Bras (à la place de Paul Molac)

Texte:

Monsieur le président, chers collègues,

Aotroù Prezidant, Keneiled kaer,

Après en avoir longuement débattu ces derniers mois, cette session va traduire en acte budgétaire la montée en puissance du fait régional. Si cette montée en puissance est le fait de certaines évolutions législatives, pour ce qui relève de nos nouvelles missions en matière de développement économique, ou de transport de voyageurs ; elle aussi le fruit le fruit du volontarisme politique de la majorité régionale, en particulier pour ce qui relève des métiers du livre, de la coordination des politiques de l’eau et de la coordination des politiques de l’emploi.

Gwak eo ar rannvroioù e Bro C’hall e-skoaz re Unaniezh Europa. Met un harz-labour a vez graet atav gant Rannvro Breizh evit tostaat sevenidigezh ha kenurzhiañ ar politikerezhioù foran gant gwirvoud ha dibarder Breizh. Ar Stad n’end eus ket c’hoant ha ne c’hell ket reizhañ ar c’hudennoù lec’hel. Gwelloc’h e vefe gantañ lakaat e bouez war e gefridiezhoù pennañ ha kaout fiziañs er Rannvroioù. Gwanaat eo bet ar Rannvroioù gant adreizh Sarkozy. Hag adreizh Hollande ne grede ket frankaat ar rannvroioù eus gwardoniezh ar stad, tra ma oa ret tremen eus digreizennañ da rannvroeladur.

Les Régions en France restent bien faibles au regard de leurs homologues européennes, mais la Région Bretagne ne ménage pas ses efforts pour rapprocher la mise en œuvre et la coordination des politiques publiques au plus près des réalités et des spécificités bretonnes. Faute de pouvoir et vouloir régler les problèmes locaux, l’État central devrait désormais se recentrer sur ses fonctions régaliennes et faire enfin confiance aux Régions que la réforme Sarkozy affaiblissait, et que la réforme Hollande n’osait pas affranchir de la tutelle de l’Etat, alors qu’il fallait passer de la déconcentration/décentralisation à la régionalisation.

Notre volontarisme régional est une des expressions de l’identité bretonne revendiquée, assumée et ouverte au monde dans une France minée aussi par la peur des identités dites régionales qui ont une langue, une culture, une histoire. La toponymie, les noms de lieux et de communes, faisant partie de ce patrimoine linguistique et historique. En effet, alors que plus de 80% des Bretons veulent que la langue bretonne vive, le Conseil culturel de Bretagne demande que les nouvelles communes ne bradent pas par ignorance le patrimoine millénaire que constituent leurs noms dans le cas de fusion de communes. Il est vrai que la diversité linguistique de l’Hexagone, au-delà du breton, du gallo, du basque, du catalan, du corse, de l’alsacien, etc… etc… comprend aussi la langue de bois, la novlangue et la technolangue. Eh bien, les Régionalistes que nous sommes constatent que certains élus n’ont pas attendu la période des soldes pour brader leur patrimoine toponymique, supprimant d’un coup de crayon des repères d’identification historique et territoriale millénaires pour les remplacer par de nouveaux noms pour de nouvelles communes, des noms imposés en novlangue hors sol. Vous voulez des exemples ?

PLOUbalay et TREgon fusionnées deviennent Baussais sur Mer. Naizin, Moustoir-Remungol et Remungol deviennent Evelys qui fleure bon un nom de coopérative agricole, à moins qu’il ne s’agisse de la petite sœur de Mégalis ? Beaussais sur mer, Evelys, Bon Repos sur Blavet … sonnent scandaleusement à nos oreilles. Et pourquoi pas bientôt TRIFOUILLIS-la-FORET-QUI-GAZOUILLE ?

Après ce détour, je reviens à notre collectivité, la Région Bretagne, qui est aussi l’espace politique de construction du lien entre les territoires. C’est vrai avec Bretagne Grande Vitesse et les TER les plus performants de l’hexagone, mais c’est encore plus vrai, je veux le souligner ici, avec le travail de Megalis, qui œuvre pour l’accessibilité numérique de tous les territoires, de La Gacilly à Plouay en passant par Saint-Marcel. La Région Bretagne est également un producteur de lien entre les générations, de lien avec l’autre, avec l’Europe et avec le reste du monde, de lien entre les métropoles et les espaces ruraux, de lien entre le monde de la recherche et le monde des entrepreneurs, dans leur diversité ; tous ces liens étant l’expression d’une certaine identité heureuse à la bretonne, pour reprendre une expression qui était à la mode en 2016.

Cette montée en puissance du fait régional, cette dimension de construction de liens de solidarités territoriales, sociales, générationnelles dans la politique régionale doivent être soulignés, à l’heure où, à rebours du sens de l’histoire, le programme de Mme Le Pen contient la suppression des Régions, et donc de la Région Bretagne.La pitoyable défense de Mr Penelle arguant du fait que les régions historiques continueraient à vivre sans collectivité est tout simplement de l’ecroquerie intellectuelle, comme le qualificatif de région historique pour les pays de Loire, où vous nier la bretonnité de la Loire-Atlantique. Le FN est vraiment près à toutes les forfaitures, à abandonner les Bretons à la technocratie parisienne, à les livrer pieds et poigns liés. Cela fait plusieurs siècles que cela durait, on vient juste d’en sortir avec la régionalisation et vous nous proposer de revenir en arrière ? Votre aveuglement idéologique est total. Non à la réaction et aux réactionnaires. Alors, oui à l’identité heureuse des Bretons et des Bretonnes, oui aux liens entre les différentes facettes de la société bretonne, et non au retour en arrière ! Un grand merci à Mme Le Pen d’apporter la démonstration que ce sont les régionalistes qui sont les modernes et les porteurs de progrès, et les anti-régionalistes qui sont les passéistes. L’exemple de Produit en Bretagne en est une démonstration éclatante.

Gouzout a reomp ha lâret eo bet an dra-se dija e-pad kendiviz heñchañ ar budjed: mont a ra goustad kresk barregezh ar rannvro, e-skoaz hon daeoù. Abaoe bloavezhioù hon eus kollet ur c’hard eus debarzhadur ar Stad (e-maez ar zerc’hel kont eus hor barregezhioù nevez). Se a zo unan eus ar c’hudennoù pennañ e Bro C’hall: ar Stad kreizennet ne ya ket en-dro, met ret eo d’ ar re all kemer perzh en e weladenn. Evel an doktor Diafoirus en oberenn Molière: rediet e vez ar sanell gantañ evel louzoù hollek; ha neuze rediet e vez digresk debarzhadur deomp gant ar Stad.

Pour autant, nous le savons, et nous l’avons déjà dit lors de la session du débat d’orientation budgétaire, la montée en puissance du fait régional se fait, malgré tout, bien trop lentement aux regards des défis qui sont les nôtres. La perte d’un quart de nos dotations d’Etat en quelques années (en dehors de la prise en compte de nos nouvelles compétences), est un des symptômes d’une maladie bien française : c’est l’Etat centralisé qui dysfonctionne, mais ce sont les autres qui doivent participer à sa guérison, pareil au docteur Diafoirus de Molière qui impose la saignée comme remède universel, l’Etat central nous impose ses baisses de dotations.

Ajoutons à cela les travaux de nombreux économistes qui montrent qu’à chaque fois que la France s’enrichit, l’Ile de France s’enrichit beaucoup plus que les autres régions, démontrant que la théorie du ruissellement n’est qu’une fiction. Ces inégalités territoriales grandissantes ne pourront être résorbées que par une remise en cause profonde du centralisme de la France, ce pays d’une seule ville comme le dit le politologue Alain Renaud dans son dernier livre. Là encore le FN prompt à dénoncer la soit disant hégémonie de Rennes se fait bien silencieux quand il s’agit de remettre en cause le poids de Paris qui a concentré en 1 siècle 20 % de la population, les fonctions de commandement et les tertiaire supérieur. Paris nous pompe disait un slogan des années 80. C’est encore vrai aujourd’hui et la régionalisation est le seul moyen d’y résister autant que faire se peut.

Dans quelques semaines, nous aurons un nouveau Président de la République. Force est de constater que si une seule candidate veut supprimer la Bretagne, quel que soit le vainqueur parmi les autres, il nous faudra encore batailler au quotidien, au parlement, ici et ailleurs pour arracher de nouvelles victoires pour le fait régional. Et dans ce domaine, toute victoire ne pourra être que collective, et demandera la participation de chacun.

Le volontarisme de la Région Bretagne repose pour beaucoup sur le volontarisme de la société bretonne, faite d’engagement associatif, mutualiste, syndical, entrepreneurial ou politique.

Je voudrais donc terminer ce propos en ayant une pensée pour ceux qui sont un élément fondamental de cette société d’engagement au service de l’intérêt collectif : les élus de terrain dont nous faisons partie, les maires, les élus des communes de la plus petite à la métropole. Il faut redire que l’engagement politique est noble et tient souvent du sacerdoce. Il est d’abord l’engagement de celles et de ceux qui ont les pieds sur terre, au service de leurs territoires et de leurs populations, de Molène au quartier du Blosne. Ne laissons pas salir l’engagement politique au service de l’intérêt général par ceux à qui l’obsession du pouvoir fait tourner la tête, perdre le bon sens et le sens moral.