Langues de Bretagne

Les vidéos et textes de nos interventions dans le domaine des langues de Bretagne en 2018.

 

 

SESSION DU 19 AVRIL 2018

BREIZH COP

Intervention de Lena Louarn

 

 

 

 

 

 

 

SESSION FEVRIER 2018

Lena Louarn, Vice-Présidente en charge des Langues de Bretagne, intervient dans son domaine.

 

Paul Molac intervient sur le programme du développement des langues de Bretagne:

 

SESSION DU 18 OCTOBRE

Voeu « Pour la modification de la circulaire du 23 juillet 2014 », présenté par le Groupe des Régionalistes, concernant le ~ du prénom Fañch

« Le 8 octobre 2018, les parents d’un petit Fañch se trouvaient en cour d’appel de Rennes, pour le simple motif suivant : leur volonté de pouvoir prénommer leur enfant comme son arrière-grand-père. La juridiction compétente entend le leur refuser, s’appuyant sur une circulaire qui restreint le nombre de signes diacritiques au-delà de l’esprit de la loi.
Il apparaît pourtant nécessaire de respecter la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne du 18 décembre 2000 qui, dans son article 22, prévoit le respect de la diversité culturelle, religieuse et linguistique. Afin de permettre aux parents qui le souhaitent de donner à leurs enfants le prénom usité en langue bretonne, nous, Conseillers régionaux de Bretagne, renouvelons avec solennité notre demande au Ministère de la Justice de modifier de la circulaire du 23 juillet 2014 en introduisant les signes diacritiques propres aux langues régionales.
La Bretagne est un des territoires de France dont la diversité linguistique et culturelle fonde la modernité de son identité. La démarche du Conseil régional de Bretagne se veut donc utile également pour d’autres langues de France. Qu’un simple tilde aille jusqu’en cours d’appel montre bien la nécessité que le Ministère entende l’appel des élus locaux et régionaux à respecter les usages des langues régionales, patrimoine vivant des langues de France inscrit dans la constitution. »

 

SESSION DECEMBRE 2018

Intervention de Mona Bras sur la politique en faveur des langues de Bretagne

Texte:

Monsieur le président, madame la vice-présidente, mes chers collègues, vous venez d’ entendre l’ antithèse, je vous propose la thèse.
Selon l’article 75-1 de  la  Constitution, le breton et le gallo, comme les autres langues de France, «appartiennent au patrimoine de la France». Pour autant, nos deux langues de Bretagne sont  toujours  très  gravement  menacées de disparition ainsi  que souligne régulièrement l’UNESCO et que le démontre l’Enquête TMO-Région Bretagne qui met en évidence l’allongement de l’âge moyen des locuteurs, tant en breton qu’en gallo.  Situation à nuancer par l’essor de la demande sociale de breton que nous observons tous dans nos communes chez les jeunes générations de parents.
Nous, Régionalistes, considérons comme le fait le CESER et le Conseil Culturel de Bretagne dans leurs avis, que l’ensemble de la société bretonne, dont une majeure partie affirme son attachement à l’une, ou à  l’autre ou aux deux langues de Bretagne, puisse avoir aujourd’hui une claire conscience de cette réalité.  Une communication d’ampleur des résultats de cette enquête et des enjeux de transmission qui se posent pour la survie et le développement des langues de Bretagne apparaît de ce point de vue tout à fait nécessaire.
Rappelons, pour recontextualiser la question des langues minorisées, que la France a signé la Charte européenne des langues régionales et minoritaires le 7 mai 1999, mais n’est jamais allée au-delà.  Ensuite et  très poliment, le Conseil économique et social des Nations unies a, en 2008, « suggéré » et « recommandé » à la France d’« envisager » la ratification de cette Charte. Hélas, la promesse N° 56 du candidat  François Hollande en 2012 sera victime du couperet d’une identité nationale jalouse de l’unicité de LA langue de la République, comme le latin fut longtemps la langue de l’Église… Confusion entretenue entre langue commune et et langue unique.
La situation française est un paradoxe européen dans le domaine de la reconnaissance des langues et cultures régionales. En se refermant sur le concept « d’unicité du peuple français », l’ordre juridique français montre une incapacité à intégrer la diversité, tout autant qu’il met à mal le lien social et entrave les volontés territoriales telles que nous l’exprimons ici depuis 2004.
Ceci dit, concernant la politique linguistique du Conseil régional de Bretagne depuis 2004, il faut rappeler qu’il s’agit d’abord d’une politique non obligatoire, donc volontariste. Nous fléchons un budget supérieur à 7 millions d’euros pour les langues de Bretagne. Ce n’est pas assez diront certains et ils ont raison au regard des besoins et des attentes sociales insatisfaites. C’ est beaucoup pour une politique choisie qui n’ est pas compétence obligatoire.
Les résultats de l’enquête sociolinguistique reflètent une forte volonté de la population de développer la présence du  breton,  notamment dans  les  services publics (60%),  les  signalisations  bilingues  (73%)  et  les  émissions radios/télés (55%). 40 % des jeunes parents interrogés souhaitent que leurs enfants puissent être scolarisés en bilingue dès la maternelle. Les conditions d’ accueil ne sont pas réunies. Que fait l’ Education nationale ?
Félicitons-nous d’avoir entendu les attentes de la population bretonne à passer d’une «co-officialité symbolique» à une «co-officialité de fait» de la langue bretonne. Réjouissons-nous aussi de voir la belle unanimité des membres du CESER autour  de ce bordereau sur les langues de Bretagne. C’ est une première.
En dépit des avancées produites ces deux dernières années par la Convention spécifique, notamment l’ouverture de nouvelles filières bilingues dans le second degré, nous  constatons une fois de plus, qu’en matière de filières et de postes, la politique régionale reste étroitement tributaire des choix du rectorat, qu’il s’agisse du breton ou du gallo. Les décisions des autorités académiques pèsent tout particulièrement sur le développement des langues régionales  dans le réseau public. A cet égard nous ne pouvons qu’être amers après l’abandon du projet d’élargir à l’ensemble des départements bretons l’enseignement d’initiation à la langue bretonne pratiqué dans certaines écoles publiques monolingues du Finistère, ceci alors que la «Feuille de route académique 2017-2021» en faisait la proposition. Ceci nous pose clairement la question de la confiance dans la parole et la signature  de l’État et de ses services.
En effet, alors que les filières bilingues des écoles connaissent une croissance continue de leurs effectifs et des postes sous l’impulsion de la nouvelle Convention État-Région signée en décembre 2015 sous pression du Conseil et de la population, le second degré, lui est en crise : en 6 ans le volume en emplois n’y a progressé que  de  10%  contre  34%  dans  le  premier  degré  alors  que  les  effectifs  des  classes  bilingues  ont  augmenté  sur  la même période de plus de 40% contre 26% dans le premier degré. De manière délibérée le rectorat a décidé d’utiliser les enseignants de l’option breton pour accompagner la hausse des effectifs des filières bilingues. La chute des effectifs dans l’option breton lui en a fourni l’occasion. De fait, l’érosion de l’option constatée depuis 2010 est devenue massive, accélérée depuis 2016 par la réforme du collège qui se poursuit en lycée. Nous sommes en droit d’appeler cela une stratégie délibérée d’étouffer le breton par tous les moyens…
Heureusement des pistes demeurent pour dégager l’horizon : les langues de Bretagne sont le patrimoine commun, l’héritage et la richesse identitaire, linguistique et culturelle des habitants de notre péninsule. Partant,  appartient-il au seul Conseil régional d’accompagner à ce niveau les langues de Bretagne ? De notre point de vue, chaque niveau de collectivité doit participer au développement et au rayonnement de nos langues. Au-delà des actions de l’État, c’est ensemble : Conseil régional, Conseils départementaux, métropoles, EPCI, communes que nous donnerons les moyens à nos langues de traverser sereinement le XXIème siècle. C’est une question qui a toute sa place dans la Breizh Cop, tout comme celle de la transmission de l’histoire  et de la matière de Bretagne aux nouvelles générations et aux nouveaux habitants de la Bretagne.
Je terminerai en levant les yeux vers mai 2019, vers les élections Européennes, et en levant les yeux au ciel. En effet, il y a de quoi être surpris de voir des formations politiques toutes plus européistes les unes que les autres présenter des listes, ces formations politiques qui se revendiquent européistes devraient donc être convaincues de la nécessité de ratifier la Charte européenne des langues régionales et minoritaires et de décliner des politiques linguistiques ambitieuses pour leurs langues régionales. Au contraire, nous les voyons, ces formations politiques,  maltraiter les langues régionales et minorisées lorsqu’elles sont au pouvoir en France. Curieux, n’est-ce pas, européistes à Bruxelles, nationalistes et centralisateurs à Paris. Alors qu’aujourd’hui si la France frappait à la porte de l’Union européenne pour rejoindre les Etats-membre, elle ne le pourrait qu’en ratifiant et en appliquant des chartes européennes… qu’ elle a refusé de signer et de ratifier…
L’ urgence linguistique est une urgence à part entière, au même titre que l’ urgence climatique.
Ceci dit, soulignons et apprécions à nouveau les ambitions et les  efforts volontaristes de notre collectivité pour donner des moyens aux langues de Bretagne.