Santé/Environnement/Energie

Les vidéos et textes de nos interventions dans le domaine de l’ environnement et de l’ énergie en 2018.

SESSION AVRIL 2018

BREIZH COP

Intervention de Mona Bras concernant la transition écologique et social de l’ économie

Texte:

Mesdames et messieurs, Chers collègues,

Je commencerai mon propos en hommage à David Buckel, que je ne connaissais pas avant de lire son nom dans la presse il y a deux jours. C’ était un avocat et militant de renom aux Etats-Unis qui s’ est immolé par le feu dimanche dernier à l’ âge de 60 ans en laissant des messages sans équivoque : « ma mort prématurée au moyen d’ un carburant fossile reflète ce que nous sommes en train de nous infliger. Je suis un homme en bonne santé, et souhaite attirer l’ attention de mes contemporains sur la nécessité de passer à des actions conséquentes pour la défense de l’ environnement ».

Si nous sommes ici comme chacun particulièrement attachés à la solidarité telle qu’ elle est proposée, à savoir la solidarité entre les personnes, entre les générations et entre les territoires, les défis et orientations de la Breizh Cop n’ ont de sens que par rapport au futur souhaité pour la Bretagne par ses habitants, pour eux-mêmes et pour les générations futures. Nous parlons là d’ une Bretagne bien enracinée et en même temps ouverte à un monde de plus en plus globalisé, un quartier spécifique d’ un village planétaire. Pour reprendre la métaphore de Roland Jourdain, « N’ ayons pas peur d’ avoir le mal de mer devant le monde qui nous attend ». En ce sens, la référence à la démarche participative Bretagne 2030 est inévitable et répond à la suggestion qu’ avait formulé le CESER de s’ appuyer autant que possible sur les exercices bilan des années passées et dont bien des éléments d’ état des lieux sont encore d’ actualité. Parmi les souhaits des Bretons et des Bretonnes exprimés pour la Bretagne 2030 il y a celui d’ une Bretagne unie et réunie ; Monsieur le Président il vous reste quelques années pour avancer vers cet horizon 2030, pour la résolution de ce contentieux territorial qui reste une plaie malgré tout douloureuse encore pour beaucoup de Bretonnes et de Bretons. L’ excellente revue « Esprit » titrait son numéro de janvier-février 2018 par « Les mondes de l’ écologie ». Je partage avec vous cet extrait de la préface : « Face à la mondialisation libérale et au repli nationaliste, le projet écologique est le seul qui fasse monde, durablement ».

Ce projet écologique présente diverses facettes, après un approfondissement de la solidarité et souligne l’ urgence d’ une transformation radicale de l’ état, de nos sociétés, de nos concepts politiques et de nos imaginaires. Or, la Bretagne est une terre fertile pour l’ imaginaire. Et je fais immédiatement le lien avec un texte de Tudi Kernalegenn enseignant-chercheur à l’ IEP de Rennes.

Ce texte, publié en 2015, est intitulé « Le régionalisme écologiste, un antidote au repli nationaliste ». En tant que régionaliste et écologiste de gauche, j’ ajouterais que j’ envisage le régionalisme écologiste dans le cadre d’ une Europe renouvelée, d’ une Europe fraternelle des régions et d’ une Europe des solidarités. La Région Bretagne avait adopté pour ses politiques territoriales, l’ IDH, indice de développement humain, comme indicateur mieux « disant » que le PIB. Aujourd’ hui, l’ indice IDI (indice de développement des TIC) , permet de mesurer comment la richesse d’ un pays entraîne réellement des progrès du niveau de vie pour tous les habitants, et comment ces pays promeuvent l’ égalité. L’ IDI permet de classer ces états qui font profiter leurs progrès économiques au plus grand nombre. Parmi les critères citons un niveau élevé de gestion environnementale et d’ égalité entre les générations, un système de protection sociale, qui favorisent une meilleure intégration en utilisant de façon efficace des transferts fiscaux pour corriger l’ inégalité entre les haut revenus et les richesses issus du marché du travail, etc. Sur les 103 pays étudiés, 29 sont considérés comme des économies avancées. La France, qui est la 6° puissance mondiale selon le PIB, se classe 20° selon l’ IDI, seulement 21° pour la croissance et développement… Ce qui laisse présager que l’ économie stocke des problèmes pour l’ avenir.

Les états les mieux classés sont les petits états du nord de l’ Europe, avec entre autre des taux de production d’ énergie renouvelable entre 90 et 120 %, qui nous montre la marge de progrès se dressant devant nous. Aujourd’hui, Christine Lagarde, patronne du FMI, affirme : « Il faut refaire la toiture », reprenant une métaphore architecturale.

Quel est le niveau le plus pertinent pour mettre en œuvre les politiques de transition nécessairement ambitieuses ? Je citerai l’ Institut de recherches européen, qui au lendemain de la crise financière de 2008 proposait des pistes pour sortir du « vieux monde » des états-nations, reposant sur une souveraineté nationale aujourd’hui remise en cause par la mondialisation : « Le principal risque que de la crise de 2008, est celui d’ un gros repli vers le protectionnisme, le nationalisme, la xénophobie et le populisme. Le régionalisme apparaît alors comme un rempart érigé contre ce risque ». Et plus loin : « Le régionalisme, avec les identités régionales, apparaît comme une attitude naturelle de la régulation renforcée qui sera associée à la sortie de crise, y compris au niveau planétaire.

Nous sommes en 2018 la première région de l’ hexagone à s’ engager dans une Cop régionale, nous étions en 1958, à une époque où l’ écologie ne concernait encore que quelques initiés, la région où naissait la première association environnementaliste de France, j’ ai cité Bretagne vivante.

Ne nous y trompons pas, la transition écologique et sociale de l’ économie doit partir des régions, et la Région Bretagne doit être source de progrès humains, sociaux et écologiques pour les générations futures. La Bretagne a su créer le fameux modèle breton dans les années 50, la Bretagne saura proposer un nouveau modèle de développement qui soit à la fois soutenable et productif, juste dans la répartition des richesses et respectueux de l’ environnement et des générations actuelles et futures, celles auxquelles nous empruntons la terre sur laquelle nous habitons. La Bretagne saura créer un nouveau modèle de développement intuitif, dont le point de départ sera le modèle résiliant, fraternel, uni et réuni.

Je vous remercie.

Intervention de Paul Molac sur les enjeux de la montée en gamme de l’ agriculture

SESSION FEVRIER 2018

Intervention de Mona Bras sur la Mission V, environnement et biodiversité.

Texte:

Monsieur Le Président,

Monsieur Le Vice-Président,

Un budget primitif c’ est certes une architecture et un équilibre, mais c’ est aussi la mise en musique de nos engagements. Parmi ceux-ci, la promotion du Développement durable qui s’ exprime ici par l’ accélération des responsabilités que nous prenons en matière environnementale.

Ainsi dans le contexte de changement climatique en cours et que personne ne remet plus en cause, l’ eau et la biodiversité reprennent leur place centrale dans les dynamiques d’ urbanisme, de développement économique, de modèle agricole, de tourisme et autres activités humaines, toutes concernées par la Cop Breizh et par le SRADDET. Le niveau régional ayant apporté la preuve de sa pertinence pour les politiques et les actions publiques, pour les stratégies et pour la gouvernance. Les Régionalistes soutiennent le projet de mise en place d’ une gouvernance régionale pour une Agence bretonne de l’ eau et de la biodiversité, et ceci pour plus d’ efficacité et de transversalité : tourisme, aménagement, transports : loutroducs.
Efficacité ? La Bretagne sort de contentieux européens tout en maintenant ses efforts dans un nouveau Plan de lutte contre les algues vertes et dans de nouveaux champs d’ intervention des PTE – Projets de territoire eau – qui devront prendre en compte les enjeux du 3° Plan régional Santé Environnement 2017-2021, ainsi que la question des pollutions microbiologiques provenant des stations d’ épuration. Ce défi de la qualité des eaux de baignades, des euax de zones conchylicoles ou ostréicoles est à relever rapidement avec les nouveaux EPCI et les Bassins versants, autant dire, une nouvelle fois : ENSEMBLE.

Pour reprendre les propos du Rapporteur général du budget : « Nous voulons être et rester maître de notre destin », à chaque budget nous posons les jalons qui sont autant de rendez-vous avec notre destin et notre avenir. Notre Région est pleinement impliquée dans la transition agro écologique en utilisant vertueusement les fonds européens du Second pilier de la PAC dont la gestion lui est confiée et ne demande qu’ à faire plus et mieux avec un budget qui augmenterait grâce à l’ autonomie fiscale retrouvée à son niveau de 1983.

Enfin, sur la question des paysages et de la biodiversité, nous avons vu hier à l’ occasion du débat sur l’ entrée de la Région dans le Syndicat Mixte du Grand Site Pointe du Raz à quel point paysages et biodiversité sont des richesses à protéger et à valoriser, bien au-delà des périmètres des Parcs Naturels Régionaux et des Zones Naturelles Classées. Car c’ est bien l’ agriculture et le maillage urbain qui ont façonné les paysages bretons et en font aussi son attractivité.

Concernant le programme 503, s’ il existait, le Trophée des meilleurs trieurs pourrait être exposé aujourd’hui. Nous sommes les meilleurs trieurs mais, il y a un trou dans la raquette. C’ est que nos déchets triés qui deviennent des ressources partent en grande partie ailleurs pour être valorisés.
Il y a là pourtant un gisement dynamique source de création d’ entreprises et d’ emplois, y compris dans le secteur de l’ économie sociale et solidaire.

Je conclurai sur le dernier mot, solidaire ; solidaire car nous sommes solidaires des générations futures et des autres régions du monde, car nous sommes solidaires des autres acteurs de l’ écosystème Planète Terre. Anjela Duval : « An hini ne gar ket an dour n’ eo ket un den gwir »
« Celui qui n’ aime pas l’ eau n’ est pas vraiment un homme ».

SESSION DECEMBRE 2018

Breizh Cop

Mona Bras

Texte:

Monsieur le Président, mes chers collègues,
L’actualité nous entraîne dans l’urgence des ruptures négociées avec un modèle de civilisation, obsolète de fait.

Des Gilets jaunes aux Coquelicots,  le message est partagé : les questions de fin du mois sont indissociables de la question de la fin du monde, il serait plus juste de dire de la fin d’un monde.
Partant, les Régionalistes voient la Breizh Cop  comme une démarche participative de la Bretagne, des Bretonnes et des Bretons à la réparation du monde.

La réparation du monde passe indéniablement par la culture. J’ en prends à témoin l’ avis du Conseil Culturel de Bretagne qui se réjouit du fait que l’ objectif n°1 dit désormais et clairement que la culture et les pratiques culturelles sont au centre de ce qui fait un projet de développement durable dont l’ identité apparaît comme un atout majeur.

Einstein aurait dit un jour que la seule question à se poser est : « L’univers est-il bienveillant ? ». Alors, réparer le monde pour que l’homme puisse continuer à y vivre sur une planète accueillante et bienveillante. Participer à la réparation du monde  à notre mesure bien sûr, mais celle-ci a toujours été la mesure volontariste et enthousiaste de la solidarité, de l’efficacité, de la complémentarité, de la coopération,  de la convivialité ; valeurs auxquelles nous saurons ajouter celle de la sobriété dans toutes ces dimensions, y compris la sobriété foncière qui était au cœur des débats des réunions Breizh Cop.

Malgré des prises de conscience qui remontent à René Dumont et au Club de Rome dans les années 70 du siècle dernier, malgré l’état de nos connaissances, nous sommes encore à la peine quant aux  transitions énergétique, écologique et climatique. Car ces transitions en cours  portent en elles la peur de changements sur l’autel desquels les plus faibles seraient sacrifiés, la peur de changements que certains oiseaux de mauvais augure présentent comme le triste monde à venir de l’ascétisme imposé. Il faut dire que ce ne sont ni un avenir, ni un monde engageant.

Mais alors, qu’avons-nous entendu lors du Tro Breizh de la Breizh Cop ?
L’envie de construire ensemble un projet de société qui donne du sens à l’action publique et à la vie quotidienne. Un projet de société qui substitue la coopération et la solidarité à la compétition et à l’égoïsme, un projet politique qui associe l’autonomie des citoyens et le volontarisme des gouvernements, y compris régionaux, pour lutter contre les intérêts individuels et  corporatistes.

Dans la mesure où notre économie dépend des énergies fossiles, la lutte contre le réchauffement climatique requiert une réorganisation des échanges et du travail et un changement dans nos styles de vie. La transition énergétique est inséparable de la transition écologique, laquelle implique une reconversion de l’économie qui ne peut plus se fonder sur une croissance illimitée et sur l’illusion d’une disponibilité infinie des ressources. Cette rupture par rapport au modèle actuel de développement passe aussi par un remaniement complet de nos valeurs et de nos manières d’être. Or il semble que ce soit cet aspect qui représente le défi le plus difficile à surmonter.

Une Cop 24, une Breizh Cop sont-elles possibles dans un monde dont la règle d’ or est le libéralisme ou le néo-libéralisme ?
J’ en appelle à Pierre Bourdieu qui affirmait en mars 1998 que le néo-libéralisme est un programme de destruction des structures collectives capables de faire obstacle à la logique de marché qui détruit la planète et abîme les hommes. Autre rupture à négocier.
La prise en compte du défi climatique implique d’articuler trois dimensions de l’écologie que sont l’écologie environnementale, qui s’attache à la gestion soutenable des ressources, l’écologie sociale, qui pose la question de l’organisation du travail et des modes de vie, de la répartition équitable des richesses ; et l’écologie mentale, qui renvoie à l’expérience que le sujet fait de lui-même et du sens de sa vie. Car s’il bouscule aussi profondément nos choix de société, c’est que le réchauffement climatique a été présenté comme un problème exclusivement technique.
Si nous avons laissé passer le  moment où nous aurions pu éviter une augmentation des températures de deux degrés, c’est parce que nous n’avons pas su transformer une situation critique qui menace notre survie et l’avenir de l’humanité en une occasion de réfléchir à nos systèmes de valeur et de formuler ce à quoi nous tenons.
Nous voulons « bien vivre en Bretagne », c’est le socle qui nous rassemblera tous je pense.  Et il nous faut définir ensemble, car tout le monde est concerné, ce que c’est que bien vivre, ensemble, en Bretagne.  Se posent les questions de la vie quotidienne que sont les transports et le logement, l’accès à l’eau en termes de quantité et de qualité, la production agricole et alimentaire, l’accès aux services, au numérique, à l’éducation et à la culture. Et les réponses à ces questions devront être trouvées ensemble et faire sens pour nous, pour les générations futures, pour la grande famille humaine.
Ce travail d’écriture d’une feuille de route partagée commence à travers ces 38 propositions transversales aux 6 orientations des orientations budgétaires 2019, et les Régionalistes sont très satisfaits de constater que l’avis du CESER sur cette étape de la Breizh Cop a été voté à l’unanimité par les représentants de la société dite civile.
En effet, notre Breizh Cop  n’aurait pas à rougir d’une notation par le « Pacte finance climat » qui constate que la Banque Centrale Européenne a créé plus de 2.500 milliards d’euros en deux ans et demi , et qui propose que cette création monétaire soit dirigée vers l’économie réelle pour qu’elle finance, dans tous les États membres, les économies d’énergie, le développement des énergies renouvelables, de la souveraineté alimentaire et la vitalité de la biodiversité, afin de :
1) Lutter radicalement contre le dérèglement climatique.
2) Créer massivement des emplois.
3) Éviter une nouvelle crise financière en revenant vers l’économie réelle.
4) Donner un nouveau souffle au projet européen.
5) Donner un nouvel élan à la coopération entre l’Europe et l’Afrique.
Dans cet esprit, et à sa mesure, notre modeste budget d’une Région amputée d’un de ses départements, donne les inflexions fortes dans ses orientations budgétaires. Nous savons où nous voulons aller. Nous savons qu’à chaque transfert de compétence, nous avons amélioré l’action publique au service des habitants de la Région Bretagne. Malgré les empêchements et les freins d’un État central et hyper centralisé, nous œuvrons avec confiance car nous gardons confiance dans l’avenir.
Ensemble, collectivités, associations et agriculteurs, nous avons su inverser un modèle de pollution des eaux qui se traduisait notamment par les stigmatisantes algues vertes. Ensemble, avec les agriculteurs et les acteurs de l’agro-alimentaire, nous sommes capables de faire de la Bretagne le leader du bien manger en Europe. Un bien manger qui paiera au juste prix son travail au paysan tout en protégeant l’environnement et la biodiversité.  Ensemble avec les industriels nous saurions faire de la Bretagne une grande région productrice d’énergies marines renouvelables. Nous saurons proposer des formations à ces nouveaux métiers qui participeront à l’émancipation et au projet de vie de nos jeunes. Et ce seront là des fiertés partagées.
Cette conclusion serait incomplète si je ne  soulignais aussi pas l’importance que nous accordons à la négociation de ces virages (un virage bien négocié nous évite la sortie de route)  et au temps nécessaires à ces négociations et appropriations collectives.
Vous allez peut-être me trouver optimiste, mais j’ai toujours été désespérément optimiste : we can do it ! Gouest omp d’en ober ! Nous pouvons le faire ! Faire de la Bretagne le laboratoire à ciel ouvert d’un nouveau monde à vivre, un nouveau monde où bien vivre.