Tourisme et Patrimoine

Les vidéos et textes de nos interventions dans le domaine du tourisme et du patrimoine en 2018.

SESSION FEVRIER 2018

UNE STRATEGIE TOURISTIQUE POUR LA BRETAGNE

Passer d’ une compétence partagée à une stratégie coordonnée

Intervention de Mona Bras

Texte:

Monsieur le Président, madame la vice-présidente,
Vous le dite dans le bordereau, le CESER le souligne dans son avis et nous le rappelons à notre tour : le tourisme génère à lui seul 10 % du PIB mondial et affiche une croissance supérieure à celle de la plupart des autres secteurs économiques. En Bretagne, il représente 8,1 % du PIB,  pourcentage supérieur à la moyenne nationale de 7,4 %.

Par nature transversal, le tourisme voit opérer une diversité d’acteurs privés, associatifs et publics. Cette complexité, renforcée par la loi qui a laissé la compétence partagée en l’état, n’a pas simplifié la manière d’aborder et de traiter le tourisme. Aussi, les Régionaliste ne peuvent qu’apprécier la stratégie volontariste adoptée à la CTAP, sur proposition de la Région, en faveur de la construction d’un tourisme à la bretonne à même de passer d’une compétence partagée  à une  stratégie coordonnée.

Martin Malvy dans son rapport rendu en mars 2017 et contenant 54 propositions pour relancer le tourisme autour du patrimoine, souligne ce que ce bordereau souligne de son côté, à savoir en ce qui nous concerne  le véritable rôle des patrimoines dans l’image de la Bretagne et donc dans la décision des touristes d’ici ou d’ailleurs, de s’y rendre.  Les Bretons seront peut-être étonnés de découvrir que la première motivation des touristes qui viennent en Bretagne est la qualité et la diversité de nos paysages, et nous parlons là aussi de patrimoines naturels littoraux, ruraux et bocagers. La seconde motivation des touristes pour venir en Bretagne est le patrimoine culturel et historique. Et il faut souligner le maillage territorial des 85 communes labellisées et structurées en 3 réseaux regroupés dorénavant sous la bannière partagée «Patrimoines de Bretagne», 85 communes sur les cinq départements bretons, qui représentant 30% des habitants de la Bretagne et qui montrent que les patrimoines et les communes labellisées sont aussi des outils d’aménagement du territoire, d’intégration et de cohésion sociale, des terrains de jeu grandeur nature pour l’expérimentation de dispositifs innovants en terme de revitalisation des centralités  permettant de conjuguer cadre de vie historique exceptionnel  et habitats du XXIè siècle. Le patrimoine culturel que les touristes viennent chercher chez nous, c’est le dépaysement garanti dans une Bretagne à 3h15 de Paris en moyenne, lorsque l’on sait que le temps de déplacement quotidien domicile-travail aller-retour en région parisienne est de 2h30… De notre signalétique bilingue à nos fest-noz en passant par festivals et pardons, et le fait que la Bretagne est selon plusieurs enquêtes successives la région la plus accueillante de France très loin devant Paris et la Corse classés derniers presque exæquos…

Ce Rapport Malvy préconise aussi la création à l’échelon régional d’un « séminaire des territoires » dédié au tourisme, au patrimoine et à la culture. De même, le rapport préconisait aussi de renforcer la place du patrimoine dans les contrats de destination, de rationaliser les 37  labels  et de créer une signature lisible « Patrimoines de France ». En Bretagne nous avions anticipé puisque nous avons lancé l’idée d’une bannière  «Patrimoines de Bretagne» sous laquelle communiquer efficacement, avant d’être auditionnés dans le cadre de ce Rapport national.

Le premier axe – présent dans tous les rapports sur le tourisme sans beaucoup d’effets jusqu’à présent – porte sur les enjeux de gouvernance, avec pour objectif de renforcer les synergies entre les différents acteurs du secteur. Pour le Rapport Malvy, ceci passe notamment la création à l’échelon régional d’un « séminaire des territoires » dédié au tourisme, au patrimoine et à la culture, doublé par la création d’un groupe de travail sur le même thème dans chaque EPCI. Mais notre réponse bretonne au fonctionnement en silos est le succès de la démarche participative des Ateliers du tourisme breton, de la CTAP comme espace de travail et de gouvernance collective, et de la Conférence régionale des acteurs privés et associatifs comme espace d’échanges et de synergies.  De même, le rapport préconisait de renforcer la place du patrimoine dans les contrats de destination, de rationaliser les labels – le rapport en dénombre 37 dans le champ du patrimoine ! – et de créer une signature « Patrimoines de France ». Le grand regret de ce Rapport Malvy était de constater que culture et patrimoine, hélas ne vivaient pas dans le même monde, fonctionnaient encore en silos, alors que pour les touristes d’ici ou d’ailleurs faire du tourisme ou voyager c’est autant découvrir du patrimoine que de la culture…

Seconde grande orientation du rapport : structurer davantage l’offre pour mieux répondre aux exigences des touristes et à leurs nouvelles attentes. La création des 10 Destinations touristiques répond en partie à ce besoin de structuration et de lisibilité des offres touristiques diverses de la Bretagne.  La destination Bretagne Loire-Océan intègre déjà une partie de la Loire-Atlantique et devrait pouvoir s’élargir à Nantes dont le bras armé touristique Voyage à Nantes  envisage son entrée dans cette destination bretonne. Là aussi, la réunification par les faits.

Pour conclure, vous nous proposez là une stratégie coordonnée du tourisme pour la Bretagne afin que nos richesses patrimoniales, historiques, paysagères, culturelles produisent de nouvelles richesses grâce à leur mise en tourisme des quatre saisons, au bénéfice de tous les territoires, de Lopérec à Nantes, de la Vallée des Saints à Bréhat en passant par Guingamp et Tréguier, de Fougères à  Brest qui vient d’être labellisée Villes d’art et d’histoire par le Ministère.

Madame la vice-présidente nous sommes avec vous dans cette dynamique et cette ambition partagée au service de la Bretagne, de ses patrimoines et de son économie touristique.

 

 

Entrée de la Région dans le Syndicat mixte renouvelé du grand site Pointe du Raz en Cap Sizun

Intervention de Mona Bras

Texte:

Monsieur le Président,
Monsieur le Vice-Président,

Quelques mots sur ce bordereau qui concerne l’ entrée du Conseil Régional de Bretagne dans le Syndicat mixte du Grand site Pointe du Raz en Cap Sizun à l’ occasion du renouvellement du Label Grand site octroyé au niveau hexagonal.
C’ est le seul site breton labellisé à ce jour, à l’ extrême pointe ouest de la Bretagne, en Finistère. Et sa périphicité ne rebute pas les plus de 850.000 visiteurs annuels qui font le voyage jusqu’ à cette pépite unique.

La Région Bretagne s’ investit à hauteur d’ une contribution de 25% dans le Syndicat Mixte et sera le partenaire financier des collectivités et autres acteurs qui mèneront des opérations sur ce territoire élargi à Pont-Croix, Petite Cité de caractère, qui devient la porte d’ entrée touristique de ce Grand Site.

Label et espaces protégés ne doivent pas pour autant mettre la Pointe du Raz sous cloche. Au moment de la Breizh Cop, ce territoire doit incarner un nouveau monde possible, conjuguant paysage, patrimoine naturel, biodiversité et cadre de vie exceptionnel d’ un côté, et de l’ autre le maintien et le développement d’ activités économiques productives dans les domaines agricoles, maritimes, de la pêche, du tourisme, de l’ artisanat. Nul doute que la méthode de la stratégie touristique coordonnée prouve là aussi son efficacité.

Ce Label Grand Site, ce lieu symbolique : la Pointe du Raz est une presqu’ île de la presqu’ île Bretagne, en fait aussi un enjeu fort d’ aménagement du territoire et d’ adaptations aux changements climatiques.
Nous saluons donc cette entrée du Conseil Régional dans le Syndicat Mixte ; c’ est une bonne nouvelle et un signal fort de notre collectivité qui pose là un acte de solidarité envers l’ Ouest de la Bretagne et la Pointe du Raz qui fait partie de l’ imaginaire celtique et breton.

 

SESSION DECEMBRE 2018

Intervention de Mona Bras sur la nouvelle stratégie régionale d’ inventaire du patrimoine culturel : comment forger un regard commun sur nos héritages pour construire la société de demain.

 

Texte:

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Vice-présidents, chers collègues,

Loin d’ être anecdotique, au regard de l’ actualité sociale brûlante, le bordereau qui nous est proposé sur la nouvelle stratégie d’ inventaire du patrimoine culturel représente un vrai changement de paradigme.
A travers les mots déjà, le titre même du bordereau cite le patrimoine culturel d’ un côté, les héritages de l’ autre.

Chez nos voisins britanniques, le mot anglais « heritages » me semble plus approprié pour désigner ce dont il est question et qui se trouve communément appelé patrimoine en français. Terme patrimoine réducteur qui élimine de fait les matrimoines ; ignorant de fait la nature, l’ essence et une partie essentielle de ce qui forge nos identités à travers nos héritages.

Transféré en 2004 aux Régions, la compétence de l’ inventaire du patrimoine concernait alors uniquement les patrimoines bâtis et mobiliers, cette définition s’ est élargie au patrimoine culturel immatériel. Entre temps, est née la Convention européenne de FARO qui considère tous les patrimoines, tous les héritages comme ciment des communautés humaines, comme liant de cohésion sociale et comme ferment d’ intégration à la fois sociale et de nouvelles populations. Il est dommage de constater que l’ Etat français qui, drapé dans une rigidité identitaire, refuse de ratifier la Charte européenne des langues régionales et minoritaires ; refuse aussi de signer la Convention de Faro au motif qu’ il y est question de communauté humaine et qu’ en France, les jacobins et autres nationalistes discréditent cette réalité anthropologique des communautés humaines en la déclinant sous la forme d’ une maladie grave : le communautarisme.

Alors, le peuple breton a construit, et continue de le faire, son identité et sa communauté de destin sur des héritages polymorphes qui s’ enrichissent au fil des générations et des rencontres avec d’ autres cultures. Parmi ces héritages, patrimoines et matrimoines confondus, je citerai l’ armature urbaine de la Bretagne (sur son périmètre historique bien sûr) avec son maillage singulier de « Plou » et « Ker » des hameaux, bourgs, villes de toutes tailles. Je citerai nos paysages singuliers eux aussi, dont le bocage et le parcellaire sont aussi des héritages.

Au-delà de notre richesse en termes de patrimoines bâtis et mobiliers qui font de notre région la première région d’ Europe pour les patrimoines religieux, et la deuxième région de France pour les patrimoines civils et militaires.
Au-delà de ces patrimoines, la Bretagne est riche de ses traditions dont le fest-noz a été reconnu par l’ UNESCO au patrimoine de l’ humanité ; et ces traditions vivantes qui s’ adaptent et évoluent tout en restant enracinées depuis plus de 1000 ans.
Soyons fiers ensemble d’ être la première région de France dans le domaine de l’ inventaire avec les plus de 120.000 dossiers d’ études et 500.000 clichés de photothèque. Afin de pouvoir comparer et reconnaître la quantité et la qualité du travail des services de l’ Inventaire que les Régionalistes saluent ici, la deuxième position est occupée par la Région Occitanie avec 40.000 dossiers.

A l’ heure où la démocratie représentative est questionnée voire secouée, la démarche participative de l’ inventaire, loin d’ une approche élitiste du patrimoine, en associant les habitants, les scolaires, les étudiants, recrée du lien entre les personnes qui font communautés humaines en se réappropriant leur histoire, leurs racines, leur culture.
Nous voyons que la démarche de l’ inventaire participe bien de l’ esprit de la Breizh Cop. La naissance d’ une conscience collective à partir des héritages est un enjeu de démocratie car, bien enracinés, nous résistons bien mieux aux vents contraires qui mettent à mal le fondement de l’ humanisme et de la démocratie.