Politique générale

SESSION DECEMBRE 2019

Intervention de Paul Molac

Texte:

Monsieur le président, chers collègues,

Je vais centrer mon propos sur l’actualité du fait régional.

La COP 25 vient de faire flop. Face à l’acuité des enjeux climatiques mondiaux et les désordres humains qu’ils provoquent, les Etats viennent de privilégier le statut-quo à l’action. Quel contraste avec le volontarisme de nombreux échelons régionaux voire locaux !

Ici en région Bretagne, par exemple, notre double processus de Breizh Cop – Sraddet vient il y a quelques jours d’officialiser des avancées importantes, concrètes, en matière d’énergie, de climat, de gestion du foncier, d’alimentation, de transport de l’information ou des personnes.

Oh, certes, il faut rester réaliste, ces avancées sont pour certaines encore modestes. Comme le disait Mona Bras lors de notre session de Brest, nous avançons sur un fil d’équilibriste.

Pour autant, la stratégie initiée par notre président de région Loïg Chesnais-Girard a permis de provoquer des centaines d’engagements, concrets, de collectivités, d’associations, de citoyens.

Nous avons démontré que le fait régional est un bon levier pour faire bouger les lignes en mobilisant les acteurs pour concilier environnement, développement social, développement économique et aménagement du territoire. L’échelon local ne sera pas en reste, les programmes municipaux qui s’esquissent dans nos communes, petites ou grandes, en attestent.

Le volontarisme local, le fait régional, ce sont des moteurs des transitions, quand les Etats peinent à bouger et à concerter.

Or, le fait régional, lorsqu’il est ancré dans les esprits et conduit avec modération, est un gage de responsabilité et de lucidité politique. Regardons l’Ecosse. Vu de Paris, c’est un fait régional, vu de là-bas, un fait national, passons sur ce point.

L’Ecosse nous démontre une chose : quand un échelon infra-étatique à une forte conscience de sa singularité, et qu’il est dans le même temps conduit par des politiques teintées de modération, cet échelon évite de tomber dans les populismes façon breixit.

Affirmer sa singularité, construire les politiques publiques en dialogue avec les citoyens et les organisations intermédiaires, ce sont deux ingrédients du fait régional breton.

Pourtant, le fait régional est aujourd’hui contesté par l’Etat en France. La session d’orientations budgétaires que nous vivons aujourd’hui est de ce point de vue significative.

C’est la première fois, la première fois oui, que nous nous préparons à voter un budget régional en baisse du fait d’un retrait de compétence par l’Etat, en l’occurrence au sujet de l’apprentissage. Voilà un signe de défiance de l’appareil central alors que nos dispositifs permettaient régulation, aménagement du territoire, concertation avec les branches. Peut-être que dans certaines régions cela fonctionnait moins bien, je ne sais pas. Mais si c’est le cas, notre discours sur la différenciation est alors justifié, car les bretons seraient victimes de soucis qui ne leur incombent pas.

Et ce n’est pas fini. La menace d’une recentralisation d’une partie des fonds européens agricoles est de plus en plus pressante. Alors que la régionalisation nous avait permis de financer près de 5000 exploitations agricoles sur des projets de MAEC ou de bio, en tenant compte de l’actualité de chaque filières bretonnes, nous risquons de retomber dans un système où les choix et les réalités de la Bretagne ne seraient plus pris en compte.

Disons le haut et fort, c’est au contraire toute la PAC qui devrait être régionalisée, pour allier transition concertée et efficacité et justice territoriale. Sans quoi il est à craindre que la Beauce se frotte les mains, et que l’Etat qui n’a pas été meilleur que les autres lors de la COP 25 soit nettement en retrait par rapport à la région sur les enjeux des transitions dans les fermes.

Un mot pour dire aussi que les amendements du groupe Droite et centre sur cette session interroge également sur ce qu’est le fait régional. Nous sommes évidemment en phase sur la pointe bretonne à 3h comme horizon. Mais les deux autres amendements, pris ensemble, pourrait laisse croire que la mission du conseil régional de Bretagne s’arrête à s’occuper de Loudéac. Je force le trait, je sais pour en avoir parlé avec certain que le propos est plus fin que cela.

Oui, il y a en Bretagne, et particulièrement en Bretagne intérieure, des territoires qui nécessitent une intervention publique plus forte que la moyenne. C’est d’ailleurs ce que fait notre politique territoriale, c’est ce que dit notre Sraddet.

Mais attention, pour que le fait régional à la bretonne perdure, il faut faire participer, d’un même mouvement, toute les communes, de la plus petite à la plus grande, à une stratégie commune.

Moi-même, il m’arrive de dire que certains projets de Ploërmel pourraient être mieux soutenus, ou plus vite. Ce n’est pas pour autant que je vais jalouser de beaux projets dans nos grandes villes. Oui, le polder de Brest est d’intérêt régional, oui le futur lycée Diwan de Vannes est d’intérêt régional, oui les têtes de réseaux dans la formation, classique ou par apprentissage, à Rennes sont d’intérêt régional. Prenons garde dans nos discours, chers amis, à ne pas confondre la nécessité de soutenir plus la Bretagne intérieure et un discours anti-villes. Le fait régional à la bretonne en sortirait abîmé.

Mais revenons à l’attitude recentralisatrice de l’Etat. J’ai évoqué les coups portés au fait régional sur l’apprentissage et sur la pac. Sur ce dernier point, le combat n’est pas forcément perdu, la mobilisation des élus régionaux peut encore payer. Mais ne soyons pas que sur la défensive. Quand nous parlons de différenciation auprès de l’Etat, nous devons continuer de porter haut et fort la volonté de gagner de nouvelles compétences, et donc de nouveaux moyens, pour les politiques culturelles et pour les politiques linguistiques. Pour la culture, les travaux parlementaires qui montrent une concentration de 66% à 72% selon les années moyens d’intervention du ministère dans la seule Ile de France le démontrent clairement. Pour les politiques linguistiques, l’incapacité de l’appareil d’Etat à comprendre la demande sociale bretonne le démontre également au quotidien. Les effets négatifs de la réforme du bac sur ce point, la lenteur des ouvertures de classes, l’absence de réelle politique de formation des maitres à ces enjeux, voilà quelques faits qui démontrent la nécessité d’une régionalisation de la politique linguistique.

En conclusion, l’actualité montre au quotidien l’efficacité du fait régional, à l’heure où le gouvernement est le premier depuis 1986 à opérer des recentralisations. Les discours sur le pacte girondins sont bien loin.

Paul Molac

SESSION NOVEMBRE 2019

Intervention de Mona Bras

Texte :

Monsieur le Président, mesdames messieurs les vice-présidents, chers collègues,

Je me suis posée la question de savoir ce que Jean Kergrist, le clown atomique, et Jean-Charles Lollier, l’ardent défenseur du Centre-Bretagne, qui nous ont quittés tous les deux, auraient pensé et dit du SRADET.

L’un nous aurait fait un sketch  aiguillon, et l’autre des propositions constructives pour une Bretagne juste, équilibrée et heureuse.

Ceci pour souligner à quel point, le choix de la Bretagne de 2040  et pour ses habitants est aujourd’hui déterminant dans cette session. Et lorsque je dis Bretagne je parle à la fois de la géographie et des personnes qui font communauté et qui donne du sens à notre péninsule.

Nous savons tous ici que la Bretagne doit avancer avec détermination pour faire face  aux défis humains, économiques, sociaux et environnementaux du 21 ème siècle. Nous savons aussi que pour être cohérent, un schéma tel que le SRADET ne peut ignorer la Loire-Atlantique et la métropole de Nantes dans les équilibres, ou les déséquilibres territoriaux, qui doivent inclure les 4  à 500.000 nouveaux habitants attendus d’ici 2050.

Le 4ème enjeu du diagnostic de la Breizh Cop considère comme une menace « l’inachèvement des reconfigurations institutionnelles et géographiques.»

Effectivement, dans une Bretagne réunifié, le dynamisme culturel et économique nantais est un rouage essentiel de la dynamique bretonne, et est indissociable de la réflexion sur les équilibres territoriaux.

A ce moment de mon propos, mais qui le dira si ce ne sont pas les Régionalistes ? Nous voulons renforcer la place des langues de Bretagne dans les objectifs 10 et 37, le tourisme et la formation, car elles sont citées comme caractérisant la Bretagne et son identité. Et d’une manière plus générale, il nous faut rappeler ici que la banalisation des paysages c’est aussi la disparition des noms de lieux bretons au profit de noms de lieux qui gomment de fait l’identité et l’ histoire bretonne de la toponymie. Il nous appartient de nourrit l’objectif 28 de cette sève bretonne facteur d’identité et d’attractivité.

Après ce préambule, je dirai qu’ il y a dans ce débat autour du SRADET et de la Breizh Cop, deux manières d’avancer, celle du somnambule et celle du funambule.

Le somnambule avance certes, mais sans cap conscient, sans méthode, au hasard des choses. Le somnambule c’est celui qui ne veut pas voir, et qui veut le moins de règles possible pour continuer comme avant.

Le funambule lui a un objectif : arriver à l’autre bout du fil. Un fil tendu entre aujourd’hui et demain. Il sait que son cerveau doit avoir un coup d’avance sur son pied, mais que si son esprit est trop en avance, il risque la chute. 

Le funambule ici est donc celui qui voit l’horizon des objectifs pour la Bretagne de 2040, mais il sait que s’il avance trop vite, il risque de perdre les citoyens en route. 

C’est tout l’intérêt de ce document SRADET. Il fixe un cap, et pour y parvenir, il pose la règle lorsqu’elle est mûre, il propose la négociation ou la conditionnalité lorsqu’il les débats doivent se poursuivre.

Et j’emprunte volontiers ce refrain à Grand corps malade :

«Je suis un funambule, j´avance loin des certitudes –

Les pieds sur terre, l´air dans ma bulle, l´équilibre est une attitude

Je suis un funambule »

 Le document stratégique présenté aujourd’hui est bien dans ce registre du funambule, et fait donc avancer les bretons ensemble.

La récente actualité des inondations meurtrières dans le midi de la France interpelle.  La soif de construire et ses corollaires que sont l’artificialisation des sols et l’étalement urbains sont mis en accusation. Les syndicats agricoles du Var dénoncent « l’artificialisation croissante des terres agricoles et l’excès de l’urbanisation » responsables, selon eux, de l’ampleur du sinistre.

D’après un rapport publié en juillet 2019 par France Stratégie : « Selon les sources, le taux moyen d’artificialisation pour la France varie de 16.000 à 61.000 hectares par an, et en France, l’artificialisation est supérieure à la moyenne européenne », or,  artificialiser cela veut dire bitumiser et soustraire à l’agriculture et à la nature des terres qui absorbent l’eau des pluies. Les dix dernières années, « 15% de bétonisation en plus pour une augmentation de 5% de la population. L’équation est posée : Il faut urbaniser et construire autrement. ».

Car, les urgences sont là : sans règles de bonne conduite et de solidarité entre territoires, la concurrence entre communauté de communes limitrophes va perdurer, avec le gaspillage de foncier que cela induit. Mais au-delà, c’est un mode de vie qui est en cause. Est-ce que la RN12 et ses zones doit être le centre-ville de Saint-Brieuc ? Est-ce que les zones 1,2,3 et 4 de Kervidanou doivent être le centre-ville commun des bourgs de Quimperlé et de Moëlan-sur-mer? Non ! Sans règles communes, sans cap, sans volonté partagée, les centres bourgs et centres villes  se vident, les lieux communs s’installent dans les zones ou sur les ronds-points…

Dans ce contexte où déni et prise de conscience se côtoient, l’exercice  de larges consultations que nous nous sommes imposé est un exercice d’équilibriste pour trouver l’équilibre entre l’objectif et la règle que nous aurons défini ensemble, tout en ayant la sagesse de confier aux territoires, aux élus locaux, l’application de la règle commune à travers leurs SCOTs et PLUIs.

Quand l’eau déborde dans nos caves à Morlaix où à Quimperlé, c’est de l’aménagement du territoire en amont dont il est question. Quand les jeunes agriculteurs peinent à trouver des terres, c’est que notre société a besoin de règles. Quand nos bourgs doivent affronter à la fois la consommation sur internet et les conséquences de nos décisions sur les autorisations de commerces sur les zones qui ponctuent les sorties de 4 voies et les ronds-points, c’est nos modèles de vie qui sont en danger. 

Le SRADET, c’est ça, c’est la Bretagne solidaire, de la gestion de l’eau à la gestion de la terre, pour bâtir un espace commun, partagé, au bénéfice de tous les territoires. Dans cette période d’incertitudes, nous en avons tout de même une de certitude  : celle qu’il est impossible de continuer comme avant, nous avons le devoir de vivre ce projet pour l’avenir de la Bretagne et de ses habitants comme une fécondation de l’avenir et des territoires par la confiance en nous-mêmes et notre capacité collective et individuelle à emprunter avec ambition le chemin de la conversion et de l’adaptation bretonne aux grands enjeux planétaires du changement climatique et de l’épuisement des ressources.

Le Sradet est le fruit d’un travail commun. Un travail commun avec les acteurs locaux pour se doter d’une trajectoire commune entre des territoires qui doivent passer de la concurrence à la coopération puisqu’ils sont voisins.

Au final, il s’agit là non pas d’un schéma techno, mais de la vie quotidienne des gens de Bretagne. Il s’agit aussi de dynamisme, car on voit bien que les sujets de qualité des eaux, les sujets de la qualité des terres, ce sont des sujets d’aménagement, mais aussi des enjeux d’attractivité économique.

Faire face à la fois avec engagement et méthode aux transitions ; c’est faire d’un contexte qui aurait pu être une récession subie une méthode de transformation positive de nos habitudes au bénéfice de tous.

Les vidéos et textes de nos interventions en Politique générale 2019.

SESSION D’ OCTOBRE 2019

Discours de Paul Molac sur le Plan breton de mobilisation pour les jeunesses – Point d’ étape.

Texte:

Une politique jeunesse pour une Région ou pour une collectivité, c’est quelque chose de difficile à définir. On le voit dans la relation aux citoyens.

Par exemple, si un jeune crée une pizzeria à Rennes, c’est de l’économie.

Si un autre jeune crée un club de football gaélique à Liffré, c’est du sport.

Si un jeune crée un festival un Hélléan, c’est de la culture.

Mais si un jeune fait le zouave dans une cage d’immeuble de HLM ou dans un arrêt de car de nos villages…..c’est un problème de jeunesse !

Les choses ne sont heureusement pas aussi caricaturales, mais parfois véhiculés ainsi dans certains discours.

L’essentiel d’une politique jeunesse tient en deux choses :

-D’une part reconnaître la diversité des jeunesses, la diversité de leurs milieux sociaux, la diversité de leurs pratiques culturelles, la diversité de leurs projets de vie.

-D’autre part, considérer le jeune comme une ressource, un potentiel, dont les politiques publiques doivent favoriser l’autonomie et l’émancipation individuelle dans des projets collectifs.

De ce point de vue, le point d’étape et les axes de travail présentés aujourd’hui constituent une base de travail pour aller dans la bonne direction.

Ce sur quoi il me semble que nous devons insister, c’est que ce document nous permet, avec les différents partenaires associés, d’aller vers ce qu’on appelle des politiques intégrées de jeunesses.

En effet un des sujets, c’est que les jeunes ont à leur disposition une foule de dispositifs, qui les aident qui dans l’orientation scolaire et professionnelle, qui dans les loisirs, qui dans la recherche d’emplois, etc.

Mais il manque bien souvent de collaboration, de passerelles, entre tous ces organismes, qui permettraient de s’assurer que le jeune soit accompagné de manière globale. Lorsqu’un jeune vient solliciter une aide d’orientation ou vient présenter un projet d’intérêt collectif dans nos territoires, nous devons, nous institutions publiques, être en mesure de dépasser le besoin exprimer, et d’avoir une approche globale du futur ou jeune citoyen dans son parcours.

Nous pensons que le dossier présenté aujourd’hui prend cette direction.

Nous pensons néanmoins que cette dimension intégrée et globale de l’accompagnement des jeunes sur le chemin de l’émancipation mérite quelques renforcements dans sa phase de construction.

Passons sur le fait que le schéma en annexe ne mentionne pas notre politique sportive, c’est probablement une coquille malheureuse. Nous pourrions par contre utilement élargir le périmètre de la conférence jeunesse pour enrichir ses travaux. Nous pensons par exemple aux organismes comme les CJD, Centres de Jeunes Dirigeants d’entreprises, habitués aux enjeux de l’insertion par le travail.

Nous pensons aussi aux acteurs de la culture et de langue bretonne, habitués aux sein des bagadou, des cercles, des écoles immersives ou des clubs de gouren par exemple, à travailler les questions de l’autonomie des jeunes au travers de leviers qui favorisent l’ancrage dans nos territoires et qui favorisent l’intergénérationnel, dimension parfois absente des politiques jeunesses, et louper ce pan là en Région Bretagne, ce serait dommage.

Sur ce dernier point, des assurances ont été données au Conseil Culturel de Bretagne, mais c’est bien de le redire ici.

En tous les cas, merci à Pierre Pouliquen et aux services concernés pour les perspectives proposées, qui seront utiles à la Bretagne, pour peu que dans la méthode, on favorise aussi les pratiques qui permettent aux services d’aller vers les jeunes, en ville ou à la campagne, pour que le champs des possibles soient saisis par le plus grand nombre.

Discours de politique générale de Paul Molac

Texte:

Monsieur le président, chers collègues,

Permettez moi de commencer mon propos loin de Bretagne par une pensée pour les citoyens kurdes, qui subissent actuellement une attaque militaire turque, alors qu’ils ont été, et sont encore, le premier rempart à Daesh sur le terrain. Souhaitons que la comunnauté internationale sache stopper cette acte de guerre, car au-delà des drames humains, la perte de confiance des kurdes envers les occidentaux aurait des conséquences terribles.

Le mot que je souhaite mettre en avant aujourd’hui est justement celui c’est celui de la confiance.

La confiance qui existe en Bretagne, la confiance à y entretenir, la confiance que nous n’avons pas de l’Etat central.

La confiance qui existe en Bretagne, c’est d’abord la confiance en la Bretagne elle même. Le très récent sondage TMO pour le compte de deux cercles de réflexion le montre. Une majorité des bretons est favorable à la réunification. Fait significatif, ce sondage confirme après d’autres, que cette opinion est majoritaire en Loire-Atlantique. La Bretagne inspire confiance, adhésion, nous nous devons trouver le moyen de répondre à cette attente, ne perdons pas de vue cette ambition dans nos travaux.

Je note d’ailleurs que dans son rapport sur la fusion de certaines régions, la Cour des Comptes relève ceci, je cite : « la répartition préexistante des départements entre les régions n’a pas été remise en cause, ce qui a sans doute compliqué la recherche d’une délimitation cohérente ». Vous le voyez, même la Cour des Comptes exprime sa confiance dans une Bretagne qui serait entière.

La confiance qu’il faut entretenir, voire rétablir, c’est celle des citoyens envers l’économie productive. Cela suppose la transparence des pouvoirs publics.

L’épisode de l’incendie de Rouen a nourri de nouveau la défiance envers les pouvoirs économiques et politiques, la méfiance est l’accueil réservé aujourd’hui à la parole publique : nous avons le devoir de réussir en Bretagne cet exercice démocratique  autour des problèmes posés par les pesticides. 

Cela suppose de progresser encore plus vite sur la qualité de nos modèles agricoles. De notre côté, nous avons confiance dans la capacité des agriculteurs à évoluer vers des modèles plus vertueux, plus en adéquation avec les demandes sociales parfois contradictoires. Mais il faut aller plus vite.

Les arrêtés municipaux controversés pris d’abord à Langouët puis dans des dizaines de communes en France ont un mérite : relancer le nécessaire débat public sur les enjeux de santé liés à l’usage des pesticides. Ces arrêtés prennent par contre le risque de crisper les relations entre une profession agricole prête à évoluer et la société.

De ce point de vue, la méthode que que vous venez de nous présenter monsieur le président, nous semble la bonne. Ambition d’accélérer le changement, appui sur les données scientifiques, expérimentation, ce sont les bases d’un contrat renouvelé entre les bretons et leur agriculture. Le citoyen signale l’urgence, l’exploitant agricole signale ses contraintes, entre les deux, c’est un nouveau contrat de confiance que vous proposez. Il faudra néanmoins que celui qui veut aller vite entende les rythmes de l’économie agricole, que celui qui s’arc-boute sur ses habitudes de production entende les attentes.

Il faudra surtout que s’instaure un dialogue respectueux de chacun, le monde agricole avance plus vite quand on le considère comme un partenaire.

La confiance que nous n’avons pas de l’Etat central, elle est récurente. Je passe sur le fait que nous attendons toujours des signes rassurants pour Diwan de manière pérennes et structurelles.

Tout récemment, lors du congrès des Régions le Premier Ministre dit sa volonté de recentraliser au niveau de l’Etat la gestion des fonds européens agricoles. Voilà un acte de défiance envers le fait régional assez déconcertant quand on connait la qualité du travail de la Région Bretagne avec les fonds européens qu’elle gère actuellement pour accompagner l’agriculture au plus près de ses réalités bretonnes et de ses transitions en cours. Au contraire, les difficultés que nous avons connu sont du fait de l’agence de paiement qui étaient resté au niveau de l’Etat. Retirer une action publique a un échelon régional qui sait faire, la redonner à un niveau central qui dysfonctionne, de n’est même plus de la méfiance, c’est ubuesque.

Nous serons donc à vos côtés, monsieur le président, pour continuer de travailler à obtenir la gestion de l’ensemble des fonds européens en Bretagne, c’est une question de bons sens, c’est un enjeu pour mener à bien les transitions évoquées plus haut avec méthode, dialogue et proximité.

Alors, nous avons des débats passionnés en Bretagne, et c’est normal, car les urgences sont là, tant pour l’environnement, la santé, que pour l’économie agricole.

Plaçons ces débats sous le sceau de la confiance réciproques entre les acteurs pour entretenir des cercles vertueux.

Comme nous plaçons nous même, dans cette majorité régionale, cette session sous le sceau de la confiance dans les jeunesses bretonnes, nous en reparlerons tout à l’heure.

SESSION FEVRIER 2019

Pacte action publique en Bretagne

Intervention de Paul Molac

Introduction générale du budget

Intervention de Paul Molac

SESSION JUIN 2019

Discours de politique générale

Paul Molac

Texte:

Monsieur le président, chers collègues

Je vais commencer mon propos en citant Césaire. Pas le Ceser que nous citons les uns et les autres dans cette assemblée régionale, mais Aimé Césaire, celui qui liait politique et poésie.

« Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. » écrivait-t-il dans son discours sur le colonialisme.

C’est à l’aune de cette phrase que nous lisons l’ambition de la Breizh Cop.
Défi environnemental et climatique, défi de l’équilibre territorial, défi de la cohésion sociale et démocratique : nous ne fermons pas les yeux, nous tentons de résoudre les problèmes.

Face à ce triple défi une collectivité régionale ne peut agir seule. C’est encore plus vrai dans le cadre d’un Etat qui traine à faire pleinement confiance aux Régions et à lui laisser les moyens d’agir.
Mais la semaine de la Breizh Cop à Saint-Brieuc l’a démontré : grâce à un esprit de véritable co-construction, au delà de notre institution, c’est la diversité des collectivités bretonnes, la diversité du monde associatif, la diversité du monde de l’entreprise qui se mobilise pour engager la Bretagne dans les transitions nécessaires.
On le sait, tous ne sont pas au rendez-vous, les engagements des uns et des autres n’ont pas la même force, il reste à convaincre. Mais ce mouvement collectif provoqué par l’exécutif régional ne s’arrêtera pas, et il le faut pour être une civilisation qui résoud ses problèmes, pour être une terre de solution.

Il est à ce titre particulièrement rassurant de voir la qualité de la mobilisation des jeunesses lors du temps qui leur était consacré durant cette semaine. Ceux qui ont suivi les mobilisation des jeunes pour le climat ces dernières semaines n’en seront pas surpris.
« C’est la jeunesse qui doit dire ce qu’elle va faire, c’est la jeunesse qui fera naître une autre Afrique », disait le même Césaire.
On peut dire la même chose ici de la Bretagne, après avoir vu la diversité de la jeunesse qui ose, de la jeunesse qui propose, de la jeunesse qui construit.
Et ce qui est vrai pour l’environnement l’est aussi dans bien d’autres domaines, il est ainsi du développement de la langue bretonne, on l’a vu avec la mobilisation de la jeunesse pour mener à bien la Gouel Broadel ar Brezhoneg à Langonnet.
Il y a cependant à côté de la jeunesse qui ose celle qui n’ose pas, ou pour mieux dire la jeunesse qui voudrait agir mais qui a besoin d’accompagnement pour oser. C’est à nos yeux tout l’enjeu du dialogue structuré autour des politiques jeunesses que mènent actuellement l’Etat et la Région en Bretagne : faciliter l’accès à l’engagement sous toutes ses formes aux jeunes de tous les territoires, pour qu’ils aient tous les clefs pour bâtir la Bretagne de demain.

En tous les cas, la Breizh Cop, c’est la Bretagne rassemblée, car il n’y a de victoire que collective.
C’est ce qu’il faut retenir de l’accord obtenu au parlement pour ouvrir la voie du forfait communal pour l’enseignement en breton. Le contenu du texte aurait pu être plus clair, aurait pu être plus fort, c’est néanmoins une victoire. C’est lorsque le monde associatif, la Région Bretagne, les collectivités locales et les parlementaires bretons avancent ensemble que les obstacles du centralisme français cèdent. Ceci dit, quand on voit le peu qu’il cède, il va en falloir de l’esprit de rassemblement et de mobilisation sur les sujets propres à la Bretagne.

Et pour être fort, il ne faut pas avoir peur de son ombre. Nous ne pouvons qu’être en colère quand on voit une commune de la baie de Douarnenez céder aux pressions de La Poste en effaçant la toponymie bretonne des noms de lieu et des adresses. Rappelons que la Suisse a 3 langues officielles. On imagine aisément que la coexistance de 3 langues officielles n’empêche pas le service du courrier de fonctionner. Rappelons au maire de Telgruc que les noms de lieu font partie de la poésie de la géographie, de l’esthétique d’un espace humain. Ne banalisons pas cette poésie.

J’évoquais donc la nécessité du rassemblement des acteurs bretons sur ce qui nous unit, ce qui fait la Bretagne. Cela n’empêche pas par ailleurs le débat, la confrontation, sur la base des valeurs.
Notre groupe et notre majorité croient fermement dans les principes de solidarités, aux principes de justice sociale, aux logiques vertueuses du développement local.
J’ai lu, comme vous, un libéral français déclarer que le capitalisme est devenu fou. Aimé Césaire, toujours lui, répondait déjà : « une société qui ruse avec ses principes est une société moribonde ».
La France est un pays qui importe 50% des fruits et légumes qu’elle consomme, 1/3 de la volaille, ¼ de la viande de porc. Le tout souvent dans avec des normes sociales, sanitaires ou environnementales au rabais.
Voilà qui valide la stratégie de la Région Bretagne de soutien à ses filières dites du « bien manger ». Mais voilà aussi qui souligne le besoin de régulation, au service du développement local.
Et cet esprit de régulation, l’Etat en manque parfois dans sa relation avec les Régions de France.

J’en veux pour preuve la réforme de l’apprentissage. La logique de la nouvelle loi, c’est de déréguler complètement le financement des CFA, en organisant une véritable concurrence entre eux. Alors que jusqu’ici, les Régions organisaientt des coopérations au services des politiques économiques, sociales et d’aménagement du territoire. Comble du cynisme, l’Etat qui se rend compte que sa stratégie nouvelle peut provoquer des dégats, incite les Régions à gérer les conséquences dommageables de sa politique, sans vrais moyens à la hauteur. Alors, je ne sais pas si le capitalisme est devenu fou, mais l’alliance du libéralisme économique et du centralisme politique va rendre nos territoire fou, c’est certain.

Un mot pour terminer pour dire le soutien, l’intérêt, de notre groupe à tous ceux qui continuent d’entretenir le projet dit d’Assemblée de Bretagne. Il y a là un beau projet concernant l’organisation de nos institutions. Nous lisons ici où là quelques conservatismes s’y opposer. Mais c’est inéluctablement le sens de l’histoire, de l’histoire inscrite dans un temps long.
Citons Césaire, Aimé Césaire, une dernière fois
« j’habite une blessure sacrée
j’habite des ancêtres imaginaires
j’habite un vouloir obscur
j’habite un long silence
j’habite une soif irrémédiable
j’habite un voyage de mille ans ».

Oui, la Bretagne est un voyage de mille ans, un vouloir obscur, une soif irrémédiable. Penser une forme moderne de son organisation démocratique adaptée au XXI°, c’est une ambition que nous devons porter, voilà un beau sujet pour nos travaux sur la différenciation bretonne.

Paul Molac