Santé/Environnement/Energie

Les vidéos et textes de nos interventions dans les domaines de la Santé, l’ Environnement et l’ Energie en 2019.

SESSION OCTOBRE 2019

Intervention de Mona Bras

Conforter et développer le réseau des  Réserves naturelles régionales-Espaces remarquables de Bretagne  

ET

Observatoire de l’environnement de Bretagne : nouvelle impulsion partagée, ouverture de la gouvernance et plan de développement stratégique 

Texte:

Monsieur le Président, chers collègues,

Concernant ce bordereau, j’interviens pour partager avec vous la fierté qui est la mienne de présider la Réserve naturelle régionale- et l’ Espace remarquable de Bretagne de Plounérin. Certains d’entre vous doivent penser assez fort pour que je les entende, « Plounérin, kézaco ? ». Et bien, Plounérin, petite commune de  725 habitants au sud de l’agglomération de Lannion, dont le maire s’appelle Patrick l’Héréec. Petite commune qui sort de l’anonymat grâce à la pépite qu’est la Réserve naturelle régionale des 160 hectares de Landes, Prairies, Tourbières et Étangs de Plounérin qui figure parmi ce club très fermé qui ne compte aujourd’hui que 9 membres. Je vous disais fierté, oui ; car ce site est géré par l’agglomération de Lannion et le tour de table des acteurs impliqués qui se retrouvent régulièrement est on ne plus représentatif de la société telle qu’elle est puisqu’elle comprend : les collectivités, les élus, les services de l’État, les agriculteurs, les chasseurs, les pêcheurs, les associations, les propriétaires privés,… autant vous dire que ces espaces ne sont pas mis sous cloches mais démontrent que la biodiversité et les activités humaines peuvent très bien vivre ensemble. Alors, à Plounérin, pas d’hippopotame, pas de girafe, pas de lion, mais une biodiversité riche  d’habitats et d’espèces rares ou menacées à l’échelle régionale, nationale ou européenne, parmi lesquelles on peut citer :
– La Rainette arboricole (une grenouille protégée à l’échelle européenne peu présente à l’intérieur des terres de la moitié ouest de la Bretagne),
– Le Damier de la succise (un papillon menacé et protégé à l’échelle européenne),
– Le Sympètre noir (une libellule rare en Bretagne)
– Des oiseaux nicheurs en déclin sur le territoire breton (tels que le Pipit farlouse, le Bruant des roseaux et le Râle d’eau).
et la loutre d’Europe (présente sur l’étang du Moulin-neuf, site majeur pour la reproduction de cette espèce en danger au niveau national).

Autant vous dire que la fierté dont je vous parlais au début de mon propos, est une fierté partagée par les habitants de ce territoire. D’une manière générale, si nous additionnons les espaces labellisés que sont les trois parcs naturels nationaux, les neufs réserves naturelles régionales et les  trois grands sites de France de le région Bretagne ; si nous y ajoutons tous ces espaces naturels qui, s’ils ne sont pas classés ou labellisés n’en sont pas moins riches de biodiversité et de beauté, c’est presque toute la Bretagne qui  est remarquable, belle, sage de ses plus de 500 millions d’années, respectée  et entretenue depuis des dizaines de milliers de générations. Respect et valorisation qui sont le fil rouge des acteurs du réseau des Réserves naturelles régionales bretonnes que vous nous proposez de conforter et de développer car, aujourd’hui de nombreux territoires remarquables frappent à notre porte pour pouvoir entrer dans ce club qui apporte tant. A l’heure du changement climatique et de notre adaptation à celui-ci, ces territoires sont les lieux d’expérimentation de la résilience de nos systèmes de production, de gouvernance démocratique de proximité et de vie quotidienne. Plutôt que de prendre l’avion pour des destinations lointaines, et donc de polluer, partons à l’aventure en Bretagne, et croyez moi, vous serez surpris du dépaysement à quelques encablures de chez vous.

Pour m’évitez de reprendre la parole pour le bordereau suivant, concernant la nouvelle impulsion partagée, l’ouverture de la gouvernance et le plan de développement stratégique de l’Observatoire de l’environnement de Bretagne , avec votre aimable autorisation Monsieur le Président, je termine rapidement mon intervention par ce sujet. Les Régionalistes partagent cette volonté de prolonger, de conforter et d’élargir la gouvernance de cet outil appelé à devenir un élément essentiel de la démarche Breizh Cop qui comprend la démarche du progrès environnemental en région Bretagne dont les agriculteurs seront un maillon incontournable. Vous l’avez dit vous-même : « l’agriculture est la clé du changement climatique », et les Régionalistes rajoutent :  les sciences participatives sont une autre clé du changement climatique. Le virage des transitions doit être négocié en douceur pour éviter les sorties de routes, et la production et le partage des informations dans la confiance et dans l’altérité et le respect est un gage de réussite collective de ces transitions.

Je vous remercie de votre attention.

SESSION FEVRIER 2019

Intervention de Mona Bras sur les programmes 501 et 502, Biodiversité et paysages.

Texte:

Monsieur le Président,

Monsieur le Vice-Président,

Chers collègues,

Entre le débat en commission et au Ceser autour des politiques de la gestion intégrée de la ressource en eau, et de la préservation-valorisation de la biodiversité et des paysages, et notre session, les choses ont bougé.

Le rêve que vous caressiez cher Thierry d’ obtenir un jour un Parlement régional de l’ eau en Bretagne, ce rêve devient réalité grâce au PACTE pour l’ ACTION publique pour la Région.

Le Groupe des Régionalistes se réjouit de cette réelle avancée qui vient reconnaître l’ expérience et l’ expertise de notre collectivité. En effet, 2004, point de départ d’ une démarche dans un climat de tensions et d’ oppositions des intérêts divergents du monde associatif, des industriels, des producteurs agricoles, des collectivités locales. Depuis 2004, avec la ténacité et le charisme qui sont les siens, le Vice-Président Thierry Burlot a su rassembler les acteurs économiques de l’ eau et de la biodiversité dans la dynamique des Comités algues vertes, des Commissions locales de l’ eau, des Bassins versants, des SAGES. Les résultats sont là : la Bretagne est la seule région de France à sortir des contentieux européens, et les niveaux de conformité des masses d’ eau sont révélateurs des efforts consentis par tous depuis des années.

Si l’ Ouest et le Centre-Ouest de la Bretagne brillent par leurs résultats : 80% de masses d’ eau conformes pour le Finistère, 60% pour les Côtes d’ Armor ; hélas les chiffres de l’ Ile et Vilaine 7 % et de la Loire-Atlantique 2% soulignent les efforts à faire sur ces territoires. « La Bretagne est malade mais elle se soigne » disions-nous depuis 2005. Nous nous soignons encore Dr Burlot. Et les Régionalistes félicitent ici la conversion de Savéol, de Solarenn et de l’ UCPT à la production des tomates sans pesticides. Quand on sait que la Bretagne produit la moitié des tomates consommées en France, soit 200.000 tonnes, 250 producteurs et plus de 1000 salariés, nous mesurons l’ impact que cette décision va avoir rapidement et durablement sur la qualité de l’ eau, la biodiversité, la santé publique.

Comme chaque année, j’ ai eu la chance de participer au Carrefour des gestions locales de l’ eau marquées par leur 20° anniversaire. Une édition remarquable dont le Président d’ honneur était Abdoulaye Séné, le Président sénégalais du prochain Forum mondial de l’ eau qui se tiendra à Dakar en 2020. Une édition qui a rappelé que le changement climatique va se traduire très rapidement par la question du droit à l’ eau posée par la disponibilité de la ressource en eau, tant en quantité qu’ en qualité. L’ Afrique du Sud, l’ Australie et l’ ancien Croissant fertile payent cash aujourd’hui les effets immédiats du changement climatique.

Je reviens sur le Parlement régional de l’ eau dont un des rôles essentiels, et ce ne sera pas une mince affaire, sera celui de la Solidarité, de l’ équilibre et de la justice territoriale entre les enjeux de la cohérence hydrographique et les enjeux de la cohérence financière, deux cohérences qui doivent être tricotées ensemble.

Je vous remercie

SESSION JUIN 2019

Plan régional de prévention et de gestion des déchets

Intervention de Mona Bras

Texte:

Monsieur le Président, mesdames et messieurs les vice-présidentes et vice-présidents, chers collègues

Il n’y a pas une journée sans que les médias et les réseaux sociaux ne relaient les ravages environnementaux des déchets produits par le mode de vie occidental qui surconsomme les ressources naturelles, surproduit et jette.

Ainsi, chaque année, plus de 8 millions de tonnes de plastique entrent dans nos océans qui en vomissent une partie : nouveaux continents de déchets, plages souillées, et morts de plus en plus nombreuses de cétacés, tortues et poissons,… C’est un phénomène planétaire, depuis les profondeurs océaniques jusqu’au sommet  de l’Everest, qui est devenu la plus haute décharge à ciel ouvert de tous les temps.

Cette question des déchets et du Plan régional de prévention et de gestion des déchets pose la question de la responsabilité personnelle de chacun bien sûr, mais aussi celle des différents niveaux de collectivités et surtout celle du législateur. La Bretagne, réunifiée cela va de soi,  n’étant pas encore une région  d’Europe comme les autres disposant du pouvoir législatif ; se soumet aux lois nationales qui déclinent les directives européennes.

Aussi, les élections européennes sont-elles l’occasion pour les élu-e-s Régionalistes de poser  la question de l’intégration par anticipation, de la directive européenne du 30 mai 2018 relative aux déchets, dont l’objectif est d’atteindre en plusieurs étapes 65% des déchets triés en 2035. Cette directive applicable de fait à la France, demande, entre autre, la collecte séparée des déchets organiques triés à la source. Ce point est complexe certes, mais les chiffres de « Bretagne-environnement » nous disent que plus de 52% du contenu de nos poubelles grises sont des bio-déchets qui pourraient être utilisés pour du compostage ou de la méthanisation  Sans compter les plus de 100.000 tonnes annuelles de biodéchets produits par la restauration , la distribution et le commerce, et les 690.000 tonnes de biodéchets de l’agroalimentaire.

Quel gisements de ressources, et quel gisements d’emplois car la collecte et le traitement des déchets sont une mission de service public dont les emplois sont non délocalisables.  

Un grand bémol cependant qui concerne les filières des «Eco-organismes» dont nous avons découvert des dérives inacceptables, à savoir le dépaysement de cargos entiers de déchets plastiques vers, entre autres,   la Malaisie qui a décidé de retourner aux envoyeurs dont la France, plus de 3000 tonnes de plastique.

Le meilleur du déchet est celui qui n’est pas produit, et la route est longue encore  jusqu’à l’interdiction planétaire des emballages plastique. Les bouteilles d’eau ne devaient-elles pas  être considérées comme des objets jetables à usage unique ? Au législateur de choisir entre l’intérêt de la planète et de ses habitants, ou l’intérêt des lobbys de l’emballage et de la « chimic-food »  Plus de 450 milliards de bouteilles plastique sont utilisées chaque année sur la planète et moins de 30% sont recyclées. En France, la seule eau en bouteille c’est 5 milliards de bouteilles dont seulement 50% sont recyclées. Nous savons que la région Bretagne est exemplaire dans ce domaine, que les Bretonnes et les Bretons sont vertueux dans le tri sélectif, mais l’exemplarité suffit-elle plus face aux enjeux. ?  

L’éducation aux déchets et aux ressources est essentielle pour modifier nos habitudes et négocier le virage du changement climatique, autant dans les familles, que les collectivités que les entreprises. Ainsi, un seul exemple : sachant à quel point l’eau devient de plus en plus un enjeu mondial et local, il conviendrait de réhabiliter la consommation de l’eau potable du robinet pour des raisons économiques voire sanitaires : en effet il est important de rappeler que l’eau du robinet, même filtrée, revient à environ 100 fois moins cher que l’eau en bouteille qui nous apporte sa part régulière des 5grammes hebdomadaires de micro-particules  plastiques absorbées par chacun d’entre nous…

 

Après ces propos sévères, du global je reviens vers le local, vers le régional, vers notre Plan de prévention et de gestion.   Nous nous réjouissons bien sûr du fait que ce Plan régional de prévention et de gestion des déchets s’inscrive  dans la vision du développement soutenable qui est le fil rouge de  la Breizh Cop et souhaitons que l’objectif du Zéro déchet à l’horizon 2040 ne soit pas un mantra ou une utopie, mais une ambition durablement inscrite dans le SRADDET, ambition qui doit être partagée pour être réalisable.  Nous partageons cette volonté d’être responsables de tous nos déchets en cessant d’en exporter 113.000 tonnes par an vers les centres d’enfouissement périphériques à la Bretagne et en allant vers la réduction drastique des 400.000 tonnes enfouies annuellement sur notre territoire. C’est un vrai challenge et nous devons nous donner les moyens de le réussir.

Nos ordures étaient de l’or qui dormait et elles peuvent devenir de l’or qui dure pour autant que nous sachions être les alchimistes de ces temps nouveaux.  

Nous avons su relever bien des défis, donnons-nous les moyens de relever celui des déchets.  Et, pour conclure, je cite Winston Churchill. Dont le : « Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge.» est on ne peut plus d’actualité.

Agence bretonne de la biodiversité

Mona Bras

Texte:

Monsieur le Président, mesdames et messieurs les vice-présidentes et vice-présidents, chers collègues

La prise de conscience de ce qu’est la biodiversité et  de la survie de l’espèce humaine qui en dépend, dans un contexte de changement climatique déjà à l’œuvre, est un moment charnière de l’histoire de l’humanité, de la planète et de l’histoire de notre collectivité qui s’inscrit délibérément dans l’urgence de l’action pour éviter le scénario catastrophe. 

Les Régionalistes et Écologistes font le pari de la résilience des écosystèmes pour autant que nous nous détournions, chacun et collectivement, des pratiques qui ont mené à la situation désastreuse actuelle. La biodiversité ne peut pas être traitée à part, dans son silo, mais transversalement. Pourquoi ?  Parce qu’elle relève de l’économie industries et agriculture, et qu’à ce titre, notre bordereau souligne le fait que «  S’il n’y a pas d’agriculture sans biodiversité, une certaine forme de biodiversité caractéristique du patrimoine naturel de Bretagne, dépend largement de pratiques agricoles qui ont modelé les milieux  de prairie, de bocage et de landes auxquels la biodiversité s’est inféodée… »

A l’aube de la réécriture de la nouvelle PAC par les nouveaux députés européens, et au-delà des mesures existant déjà, telles les MAEC très honorées en Bretagne mais qui arrivent à leur terme de cinq années en 2019 ; nous osons espérer la reconnaissance financière des services rendus à la biodiversité par l’agriculture et  de la part importante que les agriculteurs peuvent prendre dans les défis environnementaux à relever d’une manière globale, à savoir, la biodiversité, la qualité de l’eau et la qualité de l’air.

 L’avis  rendu par le CESER demande à identifier les causes de la perte de la biodiversité constatée en Bretagne. Des études existent déjà aux niveaux hexagonal, européen et planétaire, et l’intensification et la monoculture de la production agricoles ont leur part dans cette érosion inquiétante, tout comme l’artificialisation des sols, l’étalement urbain et notre mode de vie occidental. Et soulignons aussi que 92% des agriculteurs questionnés demandent la valorisation de la relation agriculture-biodiversité par des actions concrètes et visibles.

Les derniers mois ont vu la convergence des mouvements sociaux engagés, entre Gilets jaunes et Coquelicots, entre fin du mois et fin du monde. Aussi, cette première que serait la naissance de l’ « Agence bretonne de la biodiversité» s’inscrit dans les demandes, les espoirs et les attentes d’actions exprimés lors  des Marches pour le Climat dont les acteurs sont essentiellement des jeunes.

Le Président de la République l’a dit lui-même : « l’enjeu est la possibilité même d’avoir une Terre habitable.»  Nous partageons le constat, mais ce constat qui pose l’avenir même de l’humanité, doit quitter le registre du mantra et du constat d’étiquette pour le registre de l’action qui doit s’inscrire dans le changement de cap et de système.  De fait, le capitalisme et le libéralisme sont incompatibles avec la biodiversité. En effet, depuis le 10 mai dernier, les Européens que nous sommes sont au-delà du jour du dépassement, nous vivons à crédit depuis le 11 mai dernier en termes de consommation des ressources que la nature mets à notre disposition, autrement dit nous consommons la part de pays dits sous-développés et la part de nos enfants et petits-enfants.  Ce discours peut sembler catastrophiste mais, comme toute crise est une opportunité, l’urgence climatique est indissociable de l’urgence sociale, et la biodiversité synonyme de vie est indissociable de la diversité culturelle et linguistique synonyme de démocratie.

Parlant des déchets, je traduisais le regard des Régionalistes sur les ordures qui étaient de l’or. Je ferai de même avec la biodiversité. La biodiversité  ce n’est pas rien, c’est de l’or, c’est une richesse qui apporte de la richesse en termes de qualité de vie, de qualité de l’air, de l’eau et donc de santé, en terme de productivité agricole.

Avec la Breizh Cop et cette Agence bretonne de la biodiversité, nous construisons une Bretagne résiliente, depuis le Kreiz Breizh jusqu’au littoral, de la terre à la mer. Cette Bretagne résiliente passera obligatoirement par l’éducation, car comment aimer et respecter ce qu’on ne connaît pas ? Or, force est de constater que la plupart d’entre nous connaissent davantage les logos des marques commerciales, ou les noms des espèces  citées par les médias (lion, girafes, éléphants, rhinocéros, baleines, etc…) que les noms de nos espèces animales ou végétales locales. Nous pensons être éduqués, nous sommes les ignorants de l’environnement dans lequel nous vivons…

Nous n’avons pas le droit à l’erreur ou à la timidité des actions car nous sommes attendus bien au-delà du déclaratif. Il en va du contrat de confiance entre les citoyens et les élus, entre les citoyens et les collectivités. Il nous appartient de faire ce que nous disons et d’intégrer la biodiversité dans l’ensemble des politiques que nous menons.