Langues de Bretagne

Les vidéos et textes de nos interventions dans le domaine des langues de Bretagne en 2017.

 

Session de février 2017

Mission III – Pour une formation permettant à chacun de construire son propre parcours vers la compétence et l’ emploi

Programme 218 – Développer les langues de Bretagne

Intervention de Paul Molac

Monsieur le Président, Aotrou prezidant,

Le champ d’action de ce programme en faveur des langues de Bretagne est vaste : formation initiale, formation continue, périscolaire, petite enfance, vie associative, médias, édition ; se sont de nombreux pans de la transmission et de la présence du breton et du gallo qui sont ici soutenus.

Il faut saluer le volontarisme politique, à l’heure où, à périmètre constant les ressources de la Région sont instables voire à la baisse.

Nous souscrivons pleinement aux propos de Léna Louarn, vous vous en doutez, et je ne me permettrais pas de dire mieux qu’elle les enjeux.

Permettez-moi simplement deux vœux, et une information à destination des bancs de la droite.

Deux vœux d’abord :

– Le premier vœu concerne les places en stages longs de formation. Nous le savons, la demande est forte. A tel point que des places supplémentaires ont été financées cet hiver dans le cadre du plan 47 000 /500 000. C’est cohérent, quand on sait que les métiers de la langue bretonne embauchent, et sont, c’est un atout, difficilement délocalisables. Aussi je formule le vœu que si le constat est fait, à la moitié de l’exercice, que nous nous rapprochons plus vite que prévu de la cible budgétaire, on n’hésite pas à financer par DM des places supplémentaires, en utilisant tel ou tel crédit non consommé. Nous avons là un des dispositifs qui marchent pour l’insertion vers l’emploi, ne nous limitons pas si la demande est forte.

– Le deuxième vœu, c’est que nous soyons plus exigeants avec nos partenaires publics. En effet, la Région Bretagne subventionne, à des hauteurs parfois importantes, de nombreux équipements publics portés par des communes ou intercommunalités, qui souvent sont signataires de la Charte portée par notre cher Office Public de la Langue Bretonne. Il est donc regrettable de voir, à Pont-Aven, mais aussi du côté de Brest ou ailleurs, l’usage de la langue bretonne qui devient la grande oubliée de certains projets au financement desquels nous avons pourtant contribué. Ce devrait être une figure imposée dès lors que la Région est un des financeurs significatifs. Non pas pour satisfaire tel ou tel caprice, mais bien parce que l’inclusion de tous nos territoires à la démarche Bretagne sera profitable à tous, en terme d’image, de sentiment d’appartenance collectif, de constitution de la marque Bretagne, tout simplement.

Ce sujet ne concerne d’ailleurs pas que les collectivités, mais également de grands acteurs publics comme la SNCF pour ses nouvelles gares.

Enfin, une information à destination des bancs de la droite. J’ai lu attentivement la question que vous posez sur France 3 et le découpage régional.

Nous en reparlerons samedi. Mais j’attire votre attention sur les points suivants :

* Le vœu n’est pas clair, on y parle de : « la Bretagne historique élargie » et de liens entre les Pays de Loire et la Bretagne. Je crains que cela n’entraîne à la confusion. Lors des débats de l’Assemblée j’ai eu la surprise de voir la porte-parole de l’UMP de l’époque, pourtant bretonne, sortir de l’hémicycle au moment du vote de l’amendement sur la réunification et y revenir juste après pour fustiger le Gouvernement de l’époque qui n’avait pas choisi entre fusion et réunification. Encore heureux qu’il ait écouté Jean Yves Le Drian. Donc, je ne voudrais pas que ce vœu soit l’occasion d’entretenir une ambiguïté et je voudrais que les choses soient claires.

* Pour moi, la Bretagne c’est 5 départements, ni un de plus ni un de moins. Et je remercie encore une fois Jean-Yves Le Drian de nous avoir évité la noyade dans le GOM, Grand Ouest Mou qui aurait été le fruit de la fusion des deux Régions administratives de Bretagne et des Pays de la Loire, de Ouessant à Le Mans qui airait fait de nous des Oustons ou des Ouistitis comme disait le regretté Cozan.

* En ce qui concerne une fusion entre la direction de F3 Bretagne et celle des Pays de Loire. Ce n’est pas cela qui nous permettra de faire plus de Bretagne. Je remarque que lorsque qu’il n’y avait qu’une direction cela ne l’a pas empêché de ne plus diffuser l’émission en langue bretonne sur la Loire Atlantique.

* J’ai donc en tant que parlementaire, du proposer et pu obtenir le vote d’un amendement dans la loi sur les langues régionales, pour faire en sorte que le breton soit diffusé en Loire-Atlantique, qui indépendamment des frontières administratives est un territoire de Bretagne

* C’est de Bretagne, de la gauche de Bretagne, qu’est venue cette loi. Loi tardive et loi insuffisante certes, mais loi de progrès, une première depuis 1952. Alors, cher amis, pour que ce que vous appelez de vos vœux deviennent réalité, ce n’est pas la gauche régionale qu’il faut interpeller, elle est convaincue, et elle est active.

Permettez-moi une dernière réaction, mais à destination des bancs de l’extrême-droite.

Elle concerne Marion Maréchal-Le Pen qui n’a pas hésité à déclarer que : « si les Bretons voulaient s’intégrer, il fallait qu’il donne des noms français à leurs enfants » …. Même Maurras n’en aurait pas tant demandé. Avec votre volonté de revenir vers l’architecture territoriale et institutionnelle de la France du XIX°siècle, en faisant disparaître l’échelon régional, et donc de faire disparaître cette Région Bretagne dans laquelle vous siégez, c’est vraiment la disparition totale de la Bretagne et de sa culture que vous voulez !

Je vous remercie de votre attention.