Tourisme et Patrimoine

Les vidéos et textes de nos interventions dans le domaine du tourisme et du patrimoine en 2017.

 

Session du 13 octobre 2017

TOURISME: Parler Bretagne, une nécessité de cohérence et d’ efficacité

Intervention de Mona Bras

 

Texte:

Habituellement nous prenons acte des observations émises par la chambre Régionales des Comptes de Bretagne, cependant nous vous demandons de déroger en laissant les Régionalistes émettre quelques remarques sur ces observations.

La synthèse des observations et recommandations formulées par la Chambre souligne la nécessaire évolution des statuts ainsi que l’inadéquation du modèle de financement actuel avec les objectifs. La Chambre recommande par ailleurs une évolution du système de gestion et de pilotage afin notamment de mieux mesurer l’efficience des activités de l’association, remarques qui valent aujourd’hui pour d’autres d’associations.

Nous notons que la Chambre pointe des marges d’améliorations, mais que dans sa réponse écrite la Région montre qu’elle a déjà anticipé ces remarques.
Nous  notons ensuite le satisfecit de la Chambre quant à la politique touristique autour des canaux et des voies navigables qui singularisent la Bretagne et participent au rééquilibrage entre le littoral et la Bretagne intérieure.

Mais surtout, la CRC pointe que si la stratégie de la Région autour des 10 destinations est bien pensée, et concordante avec d’autres stratégies modernes comme celle de l’Irlande, cette stratégie s’entrechoque avec celles des conseils départementaux. En effet, ceux-ci continue d’avoir leurs propres stratégies indépendantes de communication territoriale, souvent en juxtaposant d’autres dénominations territoriales, nous indiquant par là le risque que prendraient les nouveaux EPCI issus de la Loi NOTRe en voulant se forger une identité touristique, et donc économique, concurrentielle de celle de leurs voisins, alors que l’inclusion dans la politique  globale de la région Bretagne qui profite à chaque territoire est le choix de la sagesse et de l’efficacité.

La marque de territoire  Bretagne fonctionne, et parle à l’extérieur et à tous. Rennes gagne à parler Bretagne. Brest gagne à parler Bretagne. Nantes et le Voyage à Nantes gagnent à parler de la Bretagne, ne serait-ce que pour surfer sur l’imaginaire lié au château des ducs de Bretagne. Et si les trois métropoles le font, c’est aussi la Bretagne qui y gagne, c’est une interaction positive. S’il faut qualifier la Bretagne, ici de Haute-Bretagne, ailleurs de Bretagne-sud ou de Bretagne d’Armor, c’est complémentaire.

 

Il est par contre regrettable de voir le Conseil départemental du Morbihan continuer sa propre stratégie touristique autour du seul vocable Morbihan, et encore, vocable très lié aux seules parties maritime et mégalithique de son territoire.

Dans plusieurs de nos politiques, l’agriculture  par exemple, nous pouvons observer une sorte de repli du Conseil départemental du Morbihan, ignorant le reste de la Bretagne. Il est regrettable que cela se traduise ici dans une politique tournée vers l’extérieur.

Je cite le Morbihan, il y a probablement d’autres cas, pour bien dire aux différents bancs de cet hémicycle que lorsque chacun valorise d’abord la marque Bretagne, même déclinée en variantes, c’est chacun qui bénéficie en retour de la puissance de  cette marque et de ce nom qui fait sens.
Démultiplier les échelles et les marques de communication, c’est prendre le risque de reproduire l’illisibilité politique du millefeuille territorial dans la communication extérieure de la Bretagne.

J’espère que dans un an nous pourrons dire  bienvenue au Conseil départemental du Morbihan dans la marque touristique Bretagne.

Session de février 2017

Mission VI – Programmes 604 à 608

Texte:

Monsieur le Président, Madame la vice-présidente,

Pour rayonner et attirer, la Bretagne est riche de ses patrimoines exceptionnels. Pour commencer, nos patrimoines paysagers et naturels, et la biodiversité. Ensuite, le patrimoine culturel immatériel constitué de la dernière et seule langue celtique continentale, de la diversité des costumes, danses et musiques de Bretagne, qui sont autant de patrimoines vivants. Et enfin, le patrimoine bâti dont le nombre et le diversité font de la Bretagne une des premières régions d’Europe en la matière qui va chez nous des mégalithes à la multitude des bâtiments civils, militaires et religieux de toutes époques. Tous ces patrimoines sont des trésors, des ressources à valoriser, à faire fructifier et à partager avec le plus grand nombre sans tomber dans les pièges et mirages du tourisme de masse ; mais en ayant conscience que le tourisme est un élément essentiel de l’économie bretonne.

Car, sans tous ces patrimoines, que serait le tourisme ?

Que serait son potentiel de développement ?

Au-delà de l’attractivité historique du littoral et des stations balnéaires de Bretagne, la destination Bretagne déclinée en dix destinations touristiques se structure autour des acteurs des territoires concernés. Le transfert de la compétence tourisme des communes vers les nouveaux EPCI nés de la loi NOTRe soulève la question des conséquences de la séparation de fait du tourisme et du patrimoine. En effet, d’un côté, la valorisation du patrimoine bâti reste de la compétence des communes -et le Patrimoine Culturel Immatériel dont elles se sont souvent saisies-, alors que de l’autre côté, le tourisme est désormais et définitivement transféré aux nouveaux EPCI. Le lien organique qui existait entre patrimoine et tourisme au niveau des communes, est à reconstruire d’une autre façon, des coordinations et harmonisations sont à imaginer entre les collectivités différentes qui les ont maintenant en compétence.

Les Destinations touristiques peuvent donc être les territoires ou les trois réseaux de communes patrimoniales de taille allant de Nantes et Rennes jusqu’ à Ploerdut et Runan en passant par Pontivy et Morlaix, trouveraient à conjuguer leurs ressources patrimoniales avec les politiques touristiques des EPCI. Ces nouvelles politiques territoriales mixant patrimoines et tourisme, seraient elles-mêmes adossées aux dix destinations touristiques de Bretagne dont le principal facteur d’attractivité est le mot magique Bretagne.

Cette politique touristique est portée avec détermination par Anne Gallo, et cette politique touristique se nourrit aussi de la vitalité culturelle bretonne portée avec ardeur par Jean-Michel Le Boulanger.

J’ aimerais souligner ici que la Bretagne intérieure se structure et structure son offre touristique autour des Canaux de Bretagne et des trois réseaux que sont les Petites Cités de caractère, les Petites Communes du Patrimoine rural et l’Union des Villes d’ Art et d’ Histoire et Villes Historiques de Bretagne, structurée sur les cinq départements ; soit au total 84 bourgs, villes et métropoles qui sont autant de portes d’entrées touristiques et de cités dont les patrimoines sont des leviers de développement local et territorial, autant de leviers d’ attractivité pour la Bretagne et d’irrigation de tous ses territoires.

Concernant les Destinations, je partage avec vous ma satisfaction de voir l’ancrage du cinquième département breton dans la destination Bretagne-Loire-Océan (structurée de Redon à La Baule) et mon plaisir de voir la gourmandise de Nantes et de VAN – Voyage à Nantes, à vouloir s’inscrire dans cette destination du sud de la Bretagne. Ce qui démontre qu’identité bretonne, rayonnement et attractivité sont indissociables. Les Ateliers du Tourisme soulignent bien la place déterminante des patrimoines et de l’identité bretonne dans la visibilité des destinations touristiques de la Bretagne.

Par rapport à la notoriété historique du Mont Saint-Michel, soulignons celle toute neuve de la Vallée des Saints, créée à partir du rêve et du pari fou de quelques-uns, dans la petite commune rurale de Carnoët et qui attire plus de 100.000 visiteurs par an sans aucune stratégie de communication. Je voulais le préciser, car cela montre qu’aujourd’hui encore on est capable en Bretagne de créer des produits touristiques ou culturels à partir de rien, à considérer que l’imaginaire relève de ce rien, et que l’imaginaire peut faire travailler l’économie locale et régionale. Car cela fait aussi travailler les Granitiers bretons, fournisseurs exclusifs des artistes qui travaillent non stop à la réalisation des 1000 statues rêvées pour cette « Île de Pâques » bretonne. Hier justement une cérémonie à la Préfecture de Région reconnaissait le label IGP au Granit de Bretagne, faisant de ce label d’Indication géographique Protégé le premier de France dans le domaine du minéral.

Enfin, pour conclure, nous voyons bien que l’inventaire du patrimoine est loin d’être terminé et que les inventaires sont l’opportunité de mobiliser les habitants, toutes générations confondues, les scolaires et les associations locales dans une démarche de réappropriation de leurs patrimoines, et donc de leurs racines, de leur histoire et de leur culture à la fois par les habitants, anciens et nouveaux, des communes concernées. C’est donc aussi une manière d’intégrer les personnes vivant dans une même commune et de nourrir la cohésion sociale : le patrimoine devient alors pareil à un couteau suisse avec des entrées économiques, culturelles, pédagogiques, sociales, urbaines, intégratives….

je vous remercie de votre écoute.